L’« Homo naledi » au cœur de nouvelles controverses

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Le professeur Lee Berger, paléoanthropologue, à l’intérieur du système de grottes de Rising Star, dans la province de Gauteng, au nord-ouest de Johannesburg (Afrique du Sud), le 11 mai 2023.

Homo naledi n’en finit pas de faire des vagues. Ce petit hominine a été découvert en 2013 dans une grotte sud-africaine par l’équipe du paléoanthropologue Lee Berger. Enterrait-il ses morts dans des cavernes ? Gravait-il des signes sur leurs parois ? Avait-il, avec son cerveau de la taille d’une orange, développé une spiritualité, une symbolique ? C’est ce que prétend le chercheur américain, rattaché à la National Geographic Society.

Le 5 juin 2023, Lee Berger avait avancé ces hypothèses dans plusieurs articles encore non revus par les pairs (preprints), indiquant qu’ils allaient paraître dans la revue eLife. Quelques semaines plus tard, il se mettait en scène dans un documentaire diffusé par Netflix, menant l’enquête au cœur même de la grotte de Rising Star, située près de Johannesburg.

Il y soutenait l’idée révolutionnaire que ce cousin disparu au statut débattu avait pu développer des rituels funéraires il y a deux cent cinquante mille ans, bien avant les premières sépultures attribuées à notre propre espèce et aux néandertaliens, datées d’environ cent vingt mille ans, au Proche-Orient. Dans un nouveau preprint mis en ligne le 12 août, il réitère cette hypothèse, apportant de nouvelles analyses censées répondre aux nombreuses objections qu’elle a suscitées.

Mises en garde

De fait, dès le 6 juin 2023, dans The Conversation, une critique en règle de cette thèse était mise en ligne. Puis, le 13 juillet, les articles de Lee Berger publiés la veille dans eLife apparaissaient accompagnés de commentaires anonymes commandés à des experts, selon un mode de fonctionnement propre à la revue. Ces reviews étaient sévères. ELife lui-même faisait figurer en tête de chaque manuscrit une évaluation estimant prématurée la conclusion que H. naledi aurait intentionnellement enterré ses morts. Le tout accompagné d’une première réponse de l’équipe de Lee Berger.

Ces mises en garde par eLife ont été jugées trop tardives par certains spécialistes, alors que les travaux de Lee Berger – qui avaient été précédemment rejetés par la revue Science – avaient déjà bénéficié d’une large publicité. « C’est ce que font les politiques : ils racontent ce qu’ils veulent, et savent que le temps que les fact-checkers arrivent, les gens seront passés à autre chose », dit, dans un podcast sur YouTube, Jamie Hodgkins (université du Colorado à Denver), qui avait accepté d’évaluer les articles.

Les critiques sont allées plus loin. En novembre 2023, Maria Martinon-Torres (Centre national de recherche sur l’évolution humaine de Burgos, Espagne), déjà signataire de l’article de The Conversation, et ses collègues publiaient, dans le Journal of Human Evolution, une étude intitulée « Il n’y a pas de preuve scientifique qu’Homo naledi enterrait ses morts et produisait de l’art rupestre ». Les fossiles pourraient, selon eux, tout aussi bien s’être accumulés naturellement au fond de la grotte.

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