Le bassin de la Villette a des airs de jacuzzi en cette fin d’été. Au pied du pont de Crimée, dans le 19e arrondissement de Paris, l’eau bouillonne sur toute la largeur du canal de l’Ourcq. Une attention délicate des organisateurs des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 pour les nageurs et nageuses qui participeront à l’EDF Aqua Challenge (5 km pour les mieux entraînés) samedi 14 septembre ? Pas exactement. Ce « rideau de bulles », présenté par la Mairie de Paris jeudi 12 septembre, est un nouveau dispositif pour faire face à la recrudescence de déchets de toutes sortes (herbes aquatiques, emballages, bouteilles, canettes, sacs en plastique…) qui flottent à la surface des canaux parisiens.
Environ 180 mètres cubes de déchets sont collectés chaque année par les trois bateaux de la Ville de Paris qui nettoient les canaux de la capitale (environ 10 kilomètres entre les canaux de l’Ourcq, Saint-Denis et Saint-Martin). Cela représente le contenu de 530 poubelles jaunes. « Si on les entassait, la hauteur dépasserait quasiment deux fois celle de la tour Eiffel », précise Dan Lert, adjoint à la Mairie de Paris chargé de la transition écologique et président de la régie Eau de Paris, pour mesurer l’ampleur de la pollution.
Le fonctionnement du rideau de bulles est assez simple. Quatre tuyaux placés au fond du canal libèrent de l’air comprimé, formant alors un rideau de bulles qui dirige les déchets vers la rive et empêche leur dispersion, avant leur collecte par un bateau nettoyeur. Le rideau fonctionne 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et les bateaux passent cinq à six fois par semaine.
Une expérience menée à Amsterdam
« L’intérêt est d’éviter que les déchets ne s’éparpillent et de les capter le plus tôt possible avant qu’ils ne coulent », explique Léa Vasa, la conseillère chargée des canaux, qui a été convaincue par l’expérience menée à Amsterdam, la ville aux 75 kilomètres de canaux. Ce premier rideau de bulles a été placé à un « endroit stratégique » : tout près du marché de Joinville. Le vent emporte régulièrement des sacs en plastique et autres détritus dans le canal. « Tous les déchets qu’on trouve dans l’eau viennent de terre », rappelle Léa Vasa.
Un autre point noir a été identifié : les pique-niques du samedi soir au bord du très fréquenté canal Saint-Martin. « Nous voulons sensibiliser la population en rendant visibles les déchets », ajoute François Dagnaud, le maire du 19e, qui ambitionne de transformer son arrondissement en « territoire zéro déchet ». Au pied du pont de Crimée, un panneau rappelle les objectifs du rideau de bulles dont celui de « lutter contre la présence de déchets plastiques dans le milieu fluvial et à terme dans les mers et les océans ». Entre 100 et 200 tonnes de déchets plastiques rejoignent chaque année la baie de Seine et chaque jour, 500 kilos sont rejetés dans la mer, selon les données du groupement d’intérêt public Seine-Aval qui s’intéresse au fonctionnement écologique de l’estuaire du fleuve en lien avec les activités humaines.
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