L’institut chargé de la prévention des risques professionnels en difficulté budgétaire

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La machine émet de longs sifflements plaintifs, semblables à la respiration d’un asthmatique. « C’est le bruit de la souffrance budgétaire », lance François Ruffin. En ce lundi 12 février, le député La France insoumise (LFI) de la Somme visite les impressionnants laboratoires de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Dans ce lieu dévolu à la prévention des risques professionnels, une salariée vient d’expliquer au parlementaire que l’appareil exhalant une triste musique est « en fin de vie » et n’a pu être remplacé, faute de moyens. Tout un « symbole », aux yeux de l’élu picard.

Pour la deuxième année de suite, « il n’y a pas de budget voté pour l’INRS », s’indigne-t-il, lors d’un bref échange avec des journalistes. Début 2023, les équipes de l’institut ont fonctionné avec une enveloppe correspondant à environ 80 % des crédits alloués en 2022 – avant de recevoir une rallonge, durant le second semestre. Mais finalement, il a manqué 12 millions d’euros par rapport à ce qu’avait demandé l’organisme, selon Christian Darne, délégué syndical central CFDT. Et cette situation risque de se reproduire pour l’exercice 2024 : « Il n’y a pas de vision et pas de possibilité d’engager toutes les actions prévues », déplore le représentant cédétiste.

Le sort réservé à l’INRS est insupportable pour M. Ruffin, qui, depuis plusieurs mois, accorde une place encore plus importante qu’avant au « travail en souffrance » dans ses prises de position publiques, comme l’illustre la parution récente de son ouvrage Mal travail. Le choix des élites (Les Liens qui libèrent, 224 pages, 15 euros). Le député LFI cherche à sensibiliser l’opinion à un phénomène recouvrant des réalités multiples : licenciements pour inaptitude, accidents dans les entreprises… Si l’organisme chargé d’apporter des « solutions » à ces problèmes est « sous-financé », « ça dit la complicité de nos dirigeants », tempête M. Ruffin. « Il y a un paradoxe entre le discours officiel selon lequel la prévention est primordiale et le fait qu’on n’ait pas les moyens de travailler aujourd’hui », renchérit M. Darne.

Un compromis qui balaie large

De telles difficultés résultent d’une sorte de vide administratif qui prévaut depuis plus d’un an. L’INRS fait partie d’un vaste écosystème régulé par une « convention d’objectifs et de gestion » entre l’Etat et la branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale. Le document en question aurait dû être renouvelé pour la période 2023-2027. Mais pour le moment, il n’a toujours pas été signé, ce qui oblige l’INRS à tourner en mode dégradé sur le plan budgétaire.

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