Jusqu’à présent, c’est une goutte d’eau, pour ainsi dire. Après une décennie d’attente, la France ne compte que trois parcs éoliens en mer déjà opérationnels. Mais la filière industrielle de cette énergie renouvelable espère bien en construire « une cinquantaine » d’ici à la moitié du siècle, selon l’objectif présidentiel d’Emmanuel Macron, en 2022.
Au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et de Fécamp (Seine-Maritime), les premiers parcs d’EDF sont pleinement en service depuis 2022 pour l’un, depuis juin pour l’autre. Celui de l’espagnol Iberdrola, 62 éoliennes à 16 kilomètres au moins des côtes de Saint-Brieuc, tourne à pleine puissance depuis mai. Son inauguration aura lieu jeudi 19 septembre.
Loin du rivage, avec un vent plus fort et plus régulier, les éoliennes en mer promettent un meilleur rendement que celles sur terre. Encore faut-il organiser leur déploiement et les répartir sur le territoire. Façade par façade, la responsabilité incombe à l’Etat, maître d’ouvrage dans ce domaine.
Principal défi : déterminer la future cartographie de l’éolien en mer. Avec ces trois parcs déjà en service, le pays dispose pour l’instant de 1,5 gigawatt (GW) de puissance installée. C’est encore peu, par rapport à ce que vise le « Pacte éolien en mer entre l’Etat et la filière » : atteindre 18 GW en 2035, puis 45 GW en 2050, et donc dépasser la capacité des éoliennes terrestres. « Les Pays-Bas et l’Allemagne ont des objectifs encore supérieurs à la France, dans des espaces maritimes pourtant plus petits que le nôtre », souligne Pierre Peysson, président de la commission éolien en mer du Syndicat des énergies renouvelables (SER), une organisation professionnelle.
Dix autres parcs identifiés
Charge aux pouvoirs publics de désigner telle ou telle entreprise pour développer des projets. Groupés ou non, des appels d’offres sont instruits en amont par une autorité administrative indépendante, la Commission de régulation de l’énergie. Outre les trois parcs en service, l’Etat en a déjà identifié dix autres : six ont été attribués, quatre doivent encore l’être. Soit une capacité totale de 10 GW.
Reste le plus dur : le dixième appel d’offres (« AO10 ») sera censé représenter à lui seul… environ 10 GW. Un volume d’une ampleur sans précédent, qui nécessite de coordonner une multitude de chantiers, sur les quatre façades maritimes du pays. Il était d’abord question de le lancer en 2025, avant de le repousser pour 2026. « Il n’y a plus de temps à perdre », estime maintenant M. Peysson, pour le SER.
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