Grève au « JDD » : Lagardère propose de retarder l’arrivée de Geoffroy Lejeune

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Des salariés du « Journal du dimanche » devant leur rédaction à leur treizième jour de grève, à Paris, le 5 juillet 2023.

Un début de fléchissement ou un simple recul tactique ? La profonde crise provoquée au Journal du dimanche par l’arrivée de Geoffroy Lejeune, ex-directeur de la rédaction du magazine d’extrême droite Valeurs actuelles, se poursuit après trois semaines – une première en soixante-quinze ans d’histoire du titre. Jeudi 13 juillet, les membres de l’hebdomadaire, entré dans le giron de la famille Bolloré, ont voté la reconduction de leur grève, ce qui pourrait empêcher la parution du quatrième numéro consécutif. La direction du groupe Lagardère, qui endosse la responsabilité de la nomination de Geoffroy Lejeune, cherche à temporiser. Sans renoncer au choix de ce trentenaire qui affichait son soutien à Eric Zemmour durant la campagne présidentielle et sa « vraie volonté de conquête » dans les médias.

La tension au JDD vient de gagner la scène politique, alors que la présidence de la République a annoncé, jeudi, le lancement d’états généraux de l’information, à la suite des attaques d’éditorialistes d’Europe 1 et de CNews, deux médias contrôlés par Vincent Bolloré, contre le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye. Les journalistes du JDD, qui demandaient, dans une lettre ouverte au chef de l’Etat, de garantir « l’indépendance des rédactions et l’impartialité des informations », ont salué l’annonce d’Emmanuel Macron de tenir ces états généraux promis durant la campagne présidentielle de 2022.

Avant ce frémissement au plus haut sommet de l’Etat, le malaise s’accentuait peu à peu au sein de Lagardère News. Chaque numéro du JDD non paru engendre de lourdes pertes financières, évaluées en interne à plus de 500 000 euros par édition. Un coût qui contraste avec la légèreté d’une scène qui s’est déroulée, vendredi 7 juillet, sous les yeux de la rédaction en grève, et qui a choqué à tous les étages : Geoffroy Lejeune et Charlotte d’Ornellas débouchant des bouteilles de champagne et dansant sur des tubes de variété, de Francky Vincent à Diam’s, sur une terrasse du siège de Lagardère News, à l’occasion du pot de fin de saison d’Europe 1. Interrogé lors d’un comité de groupe, mardi, Arnaud Lagardère a laissé transparaître sa gêne, en expliquant qu’il n’aurait pas agi de la sorte.

Selon le scénario esquissé ces derniers jours, Jérôme Béglé, qui devait prendre les rênes de Paris Match le 1er août, pourrait rester à son poste de directeur général du JDD pour plusieurs semaines encore, repoussant d’autant l’entrée en fonction de Geoffroy Lejeune, qui devait initialement advenir à la fin de juin. La direction espère que, durant ce laps de temps – dont la durée fait l’objet d’intenses discussions –, l’hebdomadaire puisse reparaître. Et qu’un « guichet de départs » puisse permettre aux salariés qui le souhaitent de quitter la rédaction, individuellement. Pour l’heure, les journalistes ne peuvent activer ni la clause de conscience (tant qu’une nouvelle ligne éditoriale n’est pas à l’œuvre), ni la clause de cession (en attendant la validation par la Commission européenne du rachat opéré par Vincent Bolloré).

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