« Emmanuel Macron a été le chef de l’Etat qui a le plus investi verbalement la question écologique. Ses actes n’ont pas suivi »

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Que faire, désormais, sinon le bilan ? Le paysage politique issu de la dissolution de l’Assemblée nationale a rendu irréversible l’extinction du macronisme, et le président de la République a perdu la main sur les affaires intérieures du pays. Avec trois ans d’avance, il devient donc possible de proposer un point d’étape, voire une sorte d’inventaire.

Celui-ci doit être lu au prisme des postures d’Emmanuel Macron, qui a sans doute été le chef de l’Etat qui a le plus investi verbalement la question écologique. Ses actes n’ont pas suivi. On se souvient de son opposition flamboyante à Donald Trump sur le climat, du « Make our planet great again », de son titre de « Champion de la Terre » décerné en 2018 par les Nations unies, ou de sa sortie de 2022 : « Mon mandat sera écologique ou ne sera pas ! » Phrase au demeurant prémonitoire puisque, de fait, son mandat n’aura pas complètement été.

Tout n’a pas été bradé et des choix forts ont été faits. L’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou du Terminal 4 de Roissy, par exemple. Les émissions de gaz à effet de serre ont, elles, baissé de 5,8 % entre 2022 et 2023, ce qui est inédit. Certes, un tiers au moins de cette baisse est conjoncturel, et l’empreinte carbone des Français (incluant les importations) n’a pas autant chuté, mais le chiffre vaut d’être noté. Tout comme le leasing social (location à bas prix) de véhicules électriques – mesure qui, bien que sous-dimensionnée, a permis d’associer ambitions sociales et environnementales.

De même, la loi « zéro artificialisation nette » (ZAN) compte au nombre des avancées de principe, même si ses décrets d’application en ont réduit la portée. Enfin, et ce sera peut-être le legs majeur du président, la convention citoyenne sur le climat a esquissé de nouveaux modes de délibération démocratique – même si la promesse de reprendre « sans filtre » ses propositions n’a pas été tenue.

Indicateur défectueux

Sur les autres dossiers, le bilan est moins nuancé. Depuis 2017, les gouvernements successifs ont agi en simples supplétifs de l’agriculture la plus intensive et de l’agro-industrie. Ce constat peut être objectivé simplement : depuis 2019, les forces de l’ordre sont mises au service de certains syndicats agricoles, avec la création d’une cellule ad hoc de la gendarmerie, notamment dévolue à prévenir « des actions de nature idéologique » des militants, y compris de « simples actions symboliques de dénigrement », selon le ministère de l’intérieur.

Les chiffres sont plus cuisants que tous les adjectifs. Le rythme d’arrachage des haies, déjà catastrophique, a plus que doublé depuis l’arrivée de M. Macron au pouvoir. Il est passé de 10 400 kilomètres par an (km/an) entre 2006 et 2014, à 23 571 km/an entre 2017 et 2021. En 2023, pour la première fois depuis trente ans, les surfaces exploitées en agriculture biologique ont reculé dans l’Hexagone. Malgré la promesse présidentielle, le glyphosate a été réautorisé et les pesticides aux effets les plus sévères pour la biodiversité, les néonicotinoïdes, ont été remis en selle jusqu’à une décision de la justice européenne.

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