Le système énergétique français va connaître une révolution sans précédent. En moins de trente ans, tout doit changer : fini les importations de pétrole et de gaz, place aux panneaux solaires, aux éoliennes et aux bioénergies. Fini les stations essence et les chaudières au fioul, place aux véhicules électriques, aux pistes cyclables et aux pompes à chaleur. Une grande partie du parc nucléaire actuel sera mise à l’arrêt, en raison de son vieillissement, et de nouveaux réacteurs pourraient avoir commencé à fonctionner.
C’est simple : la quasi-totalité des installations qui produiront de l’énergie en 2050 n’existent pas aujourd’hui. Mais cette transformation radicale est-elle absolument nécessaire ? Et inéluctable ?
Oui, si nous voulons lutter contre le dérèglement climatique, respecter nos engagements et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour cela, il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre au maximum. Or, le secteur énergétique est responsable d’environ 80 % de ces émissions. Les combustibles fossiles, à l’origine de la crise climatique, représentent aujourd’hui environ 60 % de notre consommation d’énergie.
Pour sortir du charbon, du pétrole et du gaz, la transformation doit être totale. Elle doit commencer dès maintenant, et les dix prochaines années seront particulièrement décisives.
1 – POURQUOI LE FUTUR SERA ÉLECTRIQUE
Pour « décarboner », une voie fait désormais consensus, en France mais aussi à l’échelle mondiale : il faut « électrifier » les usages. Remplacer les voitures thermiques par des véhicules électriques, les chaudières à gaz par des pompes à chaleur, les hauts-fourneaux au charbon par des fours électriques.
« L’électrification est l’une des stratégies les plus importantes pour réduire les émissions du secteur de l’énergie », affirme l’Agence internationale de l’énergie.
L’électricité a, en effet, plusieurs atouts : elle est plus efficace que les combustibles fossiles, elle peut être utilisée dans la plupart des secteurs et elle est facile à décarboner.
Si elle paraît omniprésente dans notre quotidien, elle ne représente en réalité qu’un quart de notre consommation d’énergie. Cette part va largement augmenter : elle pourrait représenter 35 % de la consommation dès 2030, selon le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE), et plus de 55 % en 2050.
Cette électrification est déjà en marche : en 2022, 13 % des véhicules neufs vendus étaient électriques, contre moins de 2 % en 2019, et les ventes de pompes à chaleur ont augmenté de 30 % par rapport à 2021. Mais la route est encore longue : les voitures électriques représentent aujourd’hui 1 % du parc automobile, et si le gouvernement recense environ 2,6 millions de pompes à chaleur air-eau, la France compte aussi quelque 12 millions de logements chauffés au gaz et 3 millions au fioul.
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