Ivan Segré : « L’avenir d’Israël repose sur une alliance avec les forces progressistes arabes »

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Philosophe et talmudiste franco-israélien, Ivan Segré travaille à la fois sur la littérature rabbinique, Spinoza et la philosophie contemporaine. Critique du tournant droitier de certains intellectuels juifs (La Réaction philosémite. Ou la trahison des clercs, Lignes, 2009) comme de l’antisionisme porté par une partie de la gauche (Misère de l’antisionisme, Editions de l’Eclat, 2020), Ivan Segré a notamment écrit Les Pingouins de l’universel. Antijudaïsme, antisémitisme, antisionisme (Lignes, 2017). Auteur de La Souveraineté adamique. Une mystique révolutionnaire (Amsterdam, 2022), il partage sa vie entre la France et Israël et, se disant volontiers « sioniste », défend une vision progressiste et démocratique de l’avenir israélo-palestinien.

Pensez-vous que les massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas justifient les bombardements sur Gaza et qu’il est possible pour Israël d’en finir avec le mouvement islamiste palestinien de façon ­strictement militaire ?

Pour ce qui est de justifier la riposte militaire israélienne, tout dépend de l’étalon de mesure choisi. En termes de raison d’Etat, oui, elle est amplement justifiée, et les condamnations qui proviendraient de grandes puissances mondiales, les Etats-Unis, la Russie ou la Chine, ou de puissances régionales, la Turquie, l’Iran ou l’Arabie saoudite, feraient inévitablement sourire, sachant la manière dont ces Etats se comportent lorsque leurs intérêts vitaux, ou perçus comme tels, sont engagés. Pour des gens de ma génération, nés dans les années 1970, mieux vaudrait avoir vu le jour à Gaza qu’à Bagdad.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Ivan Segré, une philosophie entre révolution et révélation

Mais la vraie question est stratégique. Et je pense que la riposte militaire israélienne est une erreur stratégique, sans même parler des problèmes éthiques qu’elle soulève du fait des victimes civiles et des otages détenus par le Hamas. On le sait pertinemment : en Irak, comme en Afghanistan, les bombes occidentales n’ont semé aucun avenir.

Quelle stratégie conviendrait-il selon vous d’adopter ?

Cette question concerne non seulement la guerre contre le Hamas, mais aussi l’opposition politique à Benyamin Nétanyahou. Les principaux arguments de l’opposition dite « de gauche » consistent, en Israël, à dénoncer des faits de corruption, à vilipender son machiavélisme, à lui reprocher son projet de réforme de la justice, son alliance avec l’extrême droite et, pour les plus intrépides, à s’indigner de sa politique envers les Palestiniens, Nétanyahou s’étant satisfait de l’emprise du Hamas sur Gaza et de l’affaiblissement corrélatif du Fatah, puisque cela lui permettait d’enterrer le processus de paix et de poursuivre la colonisation en Cisjordanie.

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