« L’ensemble des économies d’Asie orientale risquent d’être affectées à terme par les tensions entre Washington et Pékin »

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Chronique. Les tensions géopolitiques entre Washington et Pékin se traduisent par des mesures des Etats-Unis pour diminuer leur dépendance économique à l’égard de la Chine et pour bloquer la diffusion des technologies les plus sensibles vers ce pays. Elles ne sont pas sans conséquences lourdes pour les partenaires économiques de ces deux pays, notamment asiatiques (« Supply Chain Decoupling: Geopolitical Debates and Economic Dynamism in East Asia », Mitsuyo Ando, Kazunobu Hayakawa, Fukunari Kimura, Asian Economic Policy Review, août 2023).

Ces mesures se sont durcies au cours du temps : frais de douanes supplémentaires sur les importations chinoises, contrôle des exportations américaines vers la Chine, restrictions pour les entreprises étrangères qui vendent des produits comportant des composants américains…

Ciblant directement des entreprises chinoises comme Huawei, elles visent moins à protéger les entreprises américaines des effets possibles de perturbations dans leurs chaînes de valeur que de gêner celles de leurs concurrentes chinoises. Mais leurs répercussions vont bien au-delà de ces objectifs, étant donné le niveau d’intégration des chaînes de valeur dans des secteurs comme l’électronique.

En effet, « l’usine du monde » ne se limite pas à la Chine : l’ensemble de l’Asie orientale est dominé par les stratégies de division internationale du travail tâche par tâche des multinationales japonaises, coréennes et taïwanaises. La politique américaine, guidée par des considérations de sécurité nationale, génère de grandes incertitudes pour ces entreprises de pays pourtant alliés, tant pour leur stratégie d’investissements que d’approvisionnement en composants essentiels à leur production.

Or les économistes ne disposent pas toujours des sources adéquates pour mesurer finement l’ensemble de ces effets au niveau microéconomique. Surtout, il y a un décalage entre les effets d’annonce et la réalité : les gouvernements ne dévoilent pas toutes les exceptions dont bénéficient certaines entreprises.

Une plus grande transparence

C’est pourquoi les trois économistes japonais croisent dans leur étude plusieurs types de données du commerce international bilatéral (importations et exportations) à des niveaux plus ou moins agrégés. Alors que les données commerciales de niveau sectoriel ne permettent pas d’identifier à ce jour des effets massifs de découplage sur les chaînes de valeur, plusieurs mesures de contrôle d’exportations américaines spécifiques affectent les transactions commerciales internationales à un niveau plus désagrégé. C’est par exemple le cas des semi-conducteurs les plus avancés. Des entreprises japonaises, coréennes et taïwanaises, leaders pour ces technologies, sont directement concernées.

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