Halla Tomasdottir, présidente de l’Islande : « La recherche effrénée du profit au détriment du climat et du bien-être n’est pas tenable »

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 Halla Tomasdottir, à Reykjavik, le 2 juin 2024.

Essentiellement honorifiques, ses fonctions n’ont pas grand-chose à voir avec celles de son homologue français. Mais elle compte bien faire entendre sa voix : « Je ne veux pas être une présidente qui a toutes les réponses, mais qui pose les bonnes questions et rassemble », confie Halla Tomasdottir au Monde, de passage à Paris, mercredi 28 août, pour assister aux Jeux paralympiques, qui se tiennent jusqu’au 8 septembre. Le 2 juin, cette femme d’affaires de 55 ans, affiliée à aucun parti, a été élue à la tête de l’Islande avec 34,1 % des suffrages, grâce à une campagne portant notamment sur la santé mentale des jeunes et la place de l’intelligence artificielle.

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Son parcours atypique détonne au sein de la classe politique locale : formée aux Etats-Unis, elle a fait carrière dans le privé, notamment chez Mars et PepsiCo, avant de rentrer à Reykjavik pour enseigner, au début des années 2000. En 2007, alors que le pays est sur le point de plonger dans une crise financière brutale, elle cofonde Audur Capital, une société d’investissement promouvant les valeurs féminines dans la finance – valeurs qu’elle entend aujourd’hui insuffler dans la sphère politique. « A l’époque, le secteur financier était dix fois plus gros que le produit intérieur brut [PIB] : cela représentait un risque énorme, rappelle-t-elle. La recherche du profit à court terme au détriment de tout le reste dominait. Nous avons créé Audur Capital avec une stratégie plus inclusive, transparente et à long terme, mesurant mieux le risque. »

Depuis, Halla Tomasdottir promeut une « mise à jour » du capitalisme. « L’un de mes grands regrets est que nous n’avons pas assez retenu les leçons de la grande crise de 2008, détaille-t-elle. Nous vivons dans un système largement inspiré par les travaux de Milton Friedman [1912-2006, l’économiste inspirateur du néolibéralisme], qui ne produit plus de valeur commune depuis longtemps : les inégalités augmentent partout dans le monde. La recherche effrénée du profit au détriment du climat et du bien-être n’est pas tenable. »

« Souplesse et résilience »

Elle prône notamment l’instauration de standards environnementaux et de transparence élevés pour les entreprises, de régulations claires établies par les Etats, ainsi qu’une nouvelle approche de la gouvernance. « Dans une ère de défiance généralisée envers les institutions, il n’est plus possible, pour les gouvernements comme pour les entreprises, d’agir en silo, sans inviter la société civile à la table. » Une plus grande diversité de profils à leur tête, en particulier de femmes, est également indispensable, insiste-t-elle. « Celles-ci apportent une vision différente, parce que leur expérience de la vie est différente. » Tout comme les jeunes, plus soucieux du climat et du bien-être que les générations précédentes.

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