« Ce qui me préoccupe le plus en ce moment, ce sont les pénuries de médicaments. Je vis depuis quatre ans avec un cancer métastasé digestif, j’en suis à ma troisième chimio. A la pharmacie, ils m’ont dit qu’ils manquaient d’antibiotiques et d’insuline, alors je fais des stocks de morphine, au cas où. Il faudrait investir là-dedans, produire plus de médicaments en France, faire plus de prévention sur les maladies chroniques. J’ai essayé de suivre un peu les débats des législatives, mais aucun parti n’a parlé réellement de la santé, ça m’a énormément déçu. Pour la première fois depuis mes 18 ans, je n’ai pas voté.
Je ne peux pas vraiment dire si je suis de gauche ou de droite. J’ai essayé un peu tout et, aujourd’hui, je suis perdu. J’ai grandi principalement avec ma mère, qui est hôtesse de caisse et ne parle pas beaucoup de politique. Ça me fait de la peine de la voir travailler autant pour un smic. Elle a bossé dur pour qu’on ait à manger, et ce n’est pas suffisant – elle doit encore faire attention à ce qu’elle achète. Je pense que c’est important de lutter pour les plus démunis, et j’aurais adhéré à la gauche si elle s’appropriait davantage le patriotisme. Il faut arrêter de dire que si on aime le drapeau français, on est facho. Mon grand-père maternel est un immigré portugais, je suis né ici et mes parents aussi, je suis très fier de mon pays.
La première fois que j’ai voté, c’était à la présidentielle de 2017 : j’avais choisi Mélenchon au premier tour, je n’y connaissais rien, je m’étais dit qu’il serait là pour les jeunes. J’ai commencé à m’intéresser davantage à la politique à partir de 2022. J’ai voté pour un candidat Rassemblement national aux législatives cette année-là, parce que le patriotisme est important pour moi, mais j’ai l’impression que les députés RN élus à l’Assemblée n’ont rien changé non plus. Je pense que pour respecter la démocratie, il faudrait faire plus de référendums, donner la parole au peuple souverain. Macron, lui, fait de belles promesses, mais une fois au pouvoir, il n’écoute pas vraiment les gens. J’ai vu que dans le budget de 2025, l’Etat voulait faire des économies sur les affections de longue durée, et ça m’inquiète. Est-ce que certains taxis, dont j’ai besoin pour aller à l’hôpital, ne seront plus remboursés ?
« Pour me protéger, je préfère m’évader du réel »
J’avais commencé des études pour devenir infirmier, mais j’ai dû les interrompre à cause de ma maladie, et aujourd’hui, je ne peux plus travailler. Je vis dans un logement social avec une allocation handicapé. Pour moi, les sujets qui comptent, ce sont le pouvoir d’achat, la santé, la gestion de l’immigration. Je n’ai aucun problème avec les étrangers, j’ai été bénévole pendant un an aux Restos du cœur, une partie des bénéficiaires venaient d’autres pays. Pour moi, ça ne change rien qu’on soit noir, jaune, bleu, tant qu’on respecte le pays où on est.
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