Différenciation sexuelle : la protéine qui lance la formation des ovaires chez l’embryon enfin identifiée

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Cellules des organes sexuels d’embryons de souris, repérées par un marqueur du développement des ovaires (en rose) ou des testicules (en bleu).
A gauche : embryon XY avec des cellules marquées en bleu. A droite : embryon XX avec des cellules marquées en rose. Au centre : embryon XY qui bascule vers une différenciation femelle, car il produit de façon précoce une protéine de type – KTS. Les marqueurs de l’ovaire apparaissent ici clairement en rose.

Quels sont, chez l’embryon, les signaux moléculaires qui font basculer son destin en individu mâle ou femelle ? On croyait l’affaire entendue, tant la cartographie de l’activité de nos gènes, dans le microcosme de chaque cellule, a gagné en précision.

Eh bien non. Si le déclencheur de la différenciation mâle est connu depuis 1990 – c’est le fameux gène SRY, porté par le chromosome Y –, le mystère planait toujours sur son équivalent pour la différenciation femelle.

Une étude publiée dans la revue Science, le 3 novembre, vient combler cette lacune. Une équipe Inserm-CNRS de l’université Côte d’Azur, à Nice, y dévoile le subtil engrenage génétique qui lance le processus de formation de l’ovaire.

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Rappelons d’abord cette singularité : chez l’embryon, les organes sexuels, à un stade précoce, présentent une double potentialité, mâle et femelle. Tel est le cas des ébauches qui donneront les gonades (ovaires ou testicules) et de celles qui donneront les voies génitales (trompes de Fallope, utérus et vagin côté femelle ; canaux déférents, épididymes et canal éjaculateur côté mâle). Puis, à mesure que l’embryon se développe, une lutte permanente s’engage entre les gènes qui font pencher la balance du côté masculin et ceux qui la font basculer du côté féminin.

L’épissage alternatif

Chez un embryon humain doté d’un chromosome X et d’un chromosome Y, le gène SRY s’allume entre la cinquième et la septième semaine de grossesse. C’est le coup d’envoi du développement mâle : un gène du chromosome 17, le gène SOX9, s’active alors, ce qui lance la différenciation des testicules. Ceux-ci se mettent à produire de la testostérone et ses dérivés, qui vont masculiniser l’embryon.

Deviendrait-on femelle « par défaut », c’est-à-dire simplement en l’absence du chromosome Y et du gène SRY – comme on l’a longtemps cru ? Non. Il existe bel et bien un programme mâle et un programme femelle, respectivement gouvernés par une cascade de gènes « mâles » ou « femelles ». La cascade mâle active le développement des organes mâles tout en inhibant celui des organes femelles – et la cascade femelle fait l’inverse.

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Revenons à la découverte publiée dans Science. Comment l’embryon bascule-t-il vers un destin femelle ? Grâce au gène WT1, connu depuis 1991. « On savait que ce gène gouverne la production de deux formes d’une même protéine : la première (+ KTS) a trois acides aminés de plus que la seconde (– KTS). On savait aussi que le ratio de ces deux formes est important pour la différenciation des gonades et le développement de maladies du rein », indique Marie-Christine Chaboissier, qui dirige le laboratoire CNRS-Inserm Génétique de la détermination du sexe et de la fertilité, à l’université Côte d’Azur, et qui a coordonné cette étude.

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