France et Allemagne partagent, peu ou prou, les mêmes stratégies nationales bas carbone. La première vise la neutralité en matière d’émission de gaz à effet de serre en 2050, la seconde en 2045. Le secteur industriel pesant à lui seul 21 % des émissions dans l’Union européenne, il est pertinent de comparer les performances de ces deux pays voisins, acteurs économiques majeurs sur le continent. C’est le travail qu’a mené La Fabrique de l’industrie, un think tank proche du patronat français, en collaboration avec le cabinet McKinsey. Dans une étude réalisée par l’économiste David Lolo et rendue publique jeudi 5 septembre, le cercle de réflexion se demande si la France industrielle est plus verte ou pas que son homologue allemande.
Selon les données d’Eurostat, les usines tricolores seraient en moyenne plus carbonées que celles outre-Rhin. En émissions de gaz à effet de serre de « scope 1 » (qui résultent des activités directes d’une entreprise et de ses procédés), « la France affiche une industrie manufacturière près de 30 % plus carbonée que l’Allemagne », note Eurostat. En revanche, si on se concentre sur les émissions de « scope 2 » (liées à la consommation d’énergie par ces entreprises), « le mix électrique moins carboné de la France joue en sa faveur ».
La spécificité des tissus productifs des deux pays joue sur leurs performances. La métallurgie, la chimie, la cimenterie et le raffinage pétrolier, tous très émetteurs de carbone, sont plus présents en France qu’en Allemagne. A l’inverse, certaines activités moins carbo-intensives, comme l’automobile ou la fabrication de machines et équipements, sont surreprésentées outre-Rhin. Les meilleurs résultats de l’Allemagne peuvent aussi s’expliquer par ses avancées technologiques. « Une industrie mieux ancrée dans la production haut de gamme dégage plus de valeur ajoutée que ses concurrentes, sans forcément produire plus d’émissions de gaz à effet de serre, ce qui fait baisser son intensité carbone et son intensité énergétique », explique David Lolo.
« La France rattrape son retard »
Dans le détail des secteurs, l’étude souligne que les sidérurgies françaises et allemandes sont proches en matière d’émissions de gaz à effet de serre. L’Allemagne est en avance concernant la production de ciment, mais la France « rattrape son retard » dans l’usage de combustibles alternatifs. A l’inverse, la verrerie française est moins émettrice que son homologue allemande, mais cette performance s’explique par le poids des marchés clients. « L’industrie verrière française est davantage positionnée sur la fabrication de verre creux [moins émettrice] en comparaison de l’allemande, parce qu’elle compte les secteurs des boissons et du parfum parmi ses principaux débouchés, là où son homologue allemande fournit surtout l’automobile en verres plats [plus émetteurs] », explique l’étude.
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