Nouvelle-Calédonie : un huitième mort après une fusillade entre des gendarmes et des indépendantistes survenue lundi

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Sur la commune de Païta, le 4 juin 2024, au lendemain de la fusillade.

Une nouvelle victime de la crise à Nouméa. L’un des deux hommes blessés par balles par des gendarmes lundi 3 juin en Nouvelle-Calédonie a succombé à ses blessures vendredi, a annoncé samedi Yves Dupas, le procureur de la République de Nouméa. Cela porte à huit le nombre de morts depuis le début des troubles dans l’archipel.

Les deux hommes, qui faisaient partie d’un groupe ayant ouvert le feu sur des gendarmes, avaient été blessés par balles par ces derniers au nord de Nouméa, a annoncé M. Dupas. La personne morte vendredi est un homme de 26 ans, domicilié au col de la Pirogue, et blessé à la tête par un projectile balistique, selon le procureur.

L’information a également été évoquée par le président indépendantiste du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou, lors d’une allocution télévisée samedi. « J’ai une pensée particulière pour ce jeune de Païta qui vient de nous quitter et dont je connais les parents, qui sont issus de la grande chefferie de Païta », a déclaré M. Mapou.

Signe que les opérations des forces de l’ordre vont se poursuivre sur le « Caillou », le haut-commissariat de la République a annoncé samedi que le couvre-feu imposé de 18 heures à 6 heures (de 9 heures à 21 heures à Paris) était prolongé jusqu’au lundi 17 juin, soit pour une semaine.

Les mesures d’interdiction de rassemblement, de vente et de transport d’armes et de commercialisation d’alcool sont reconduites jusqu’à la même date. « Les opérations de sécurisation et de déblaiement se poursuivent » d’après un communiqué du haut-commissariat, avec quelque « 1 500 carcasses » dégagées. Les réquisitions des stations-service de Nouméa, Dumbéa et du Nord ont pu être levées.

« Action de riposte »

Les faits s’étaient déroulés dans le secteur du col de la Pirogue, à Païta, un point névralgique sur la route menant de Nouméa à l’aéroport international, longtemps bloquée par les indépendantistes. Selon la version des gendarmes relayée par le procureur, ces derniers avaient fait usage de leur arme après que leur voiture de location, qui porte un impact de balle, avait été percutée par un pick-up.

« Plusieurs hommes armés ouvrent le feu en direction du véhicule, ce qui conduit deux gendarmes à faire usage de leur arme de service, dans une action de riposte », avait expliqué M. Dupas, précisant qu’un « agresseur » avait été blessé à la tête, un autre au bras et que le véhicule ayant heurté les gendarmes avait pris la fuite et n’avait pas été retrouvé.

Dans un communiqué, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT, un collectif, créé à la fin de 2023, pour mobiliser contre la réforme du corps électoral) a pour sa part donné une autre version des faits, accusant des « milices » ayant profité du déblaiement de la route par les forces de l’ordre pour passer « à vive allure en ouvrant le feu avec des balles réelles sur nos jeunes positionnés aux abords de la route ».

Depuis le début de la crise et des émeutes en Nouvelle-Calédonie, le 13 mai, huit personnes ont été tuées, dont deux gendarmes.

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C’est dans ce contexte tendu que se tiendront les élections européennes : les 56 bureaux de vote de Nouméa ont été regroupés dans six lieux, au lieu de 37, et seront sécurisés dimanche par la présence des forces de l’ordre dans un contexte encore à vif en Nouvelle-Calédonie. Ces bureaux de vote ouvriront une heure plus tôt que d’habitude à 7 heures dimanche (22 heures samedi à Paris).

« On a dû regrouper les bureaux de vote sur des lieux stratégiques pour deux raisons : la première est la sécurité, la seconde est le challenge logistique », a expliqué samedi, lors d’une conférence de presse, Alan Boufenèche, directeur de la vie citoyenne, éducative et sportive de la ville de Nouméa.

« Cette situation n’est plus tenable »

Le président indépendantiste du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou, lors d’une allocution télévisée, le 8 juin 2024.

Lors de son allocution, Louis Mapou a considéré que « cette situation [n’était] plus tenable car la population en [était] la principale victime ». Sur le plan politique, le président indépendantiste a pointé une « gestion trop mesurée » face aux émeutes des partis indépendantistes et, de l’autre côté, une « surenchère permanente » des responsables loyalistes, qui « nourrissent le climat de violence existant ».

Il a exhorté le chef de l’État et le Parlement à convenir « que cette loi constitutionnelle est à contre-courant de l’histoire » de la Nouvelle-Calédonie, rendant « improbable » l’organisation d’élections provinciales d’ici à la fin de l’année 2024.

Il faut, selon M. Mapu de l’exécutif néo-calédonien, que le président Macron « explicite avec plus de clarté ses intentions » pour permettre de « trouver un accord global sur l’avenir institutionnel » du territoire.

Il a enfin appelé à « reconstruire un lien nouveau » pour sortir la Nouvelle-Calédonie « des oripeaux du système de colonisation que l’on perçoit encore dans la façon dont ces événements sont relatés et vécus en Nouvelle-Calédonie ou dans l’Hexagone ».

Le Monde avec AFP

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