En Algérie, le chercheur Raouf Farrah libéré après une réduction de peine

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La cour d’appel de Constantine, en Algérie, a réduit, jeudi 26 octobre, de deux ans ferme à vingt mois, dont huit ferme, les peines de prison prononcées contre le journaliste algérien Mustapha Bendjama et le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah, libérable immédiatement, a annoncé son avocat, Kouceila Zerguine.

« Raouf sera libéré à l’instant même », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) M. Zerguine, en précisant que M. Bendjama, qui a « une autre affaire en cours », connaîtra son sort « le 31 octobre ». L’avocat a assuré que pour les deux co-accusés, emprisonnés depuis huit mois, il y avait eu en appel « modification des peines prononcées à huit mois ferme et douze mois avec sursis ».

Néanmoins, le défenseur de M. Farrah a annoncé le dépôt d’un « pourvoi en cassation » dans le but de « prouver l’innocence » de son client. Selon lui, le chercheur peut « sortir d’Algérie le plus normalement du monde dès jeudi » et retourner en Tunisie, où « il vit depuis quatre ans » avec sa femme canadienne et leur fille de 4 ans.

Condamné à deux ans de prison ferme

Chercheur de l’organisation Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), M. Farrah, 36 ans, et son ami le journaliste Mustapha Bendjama, 32 ans, avaient été condamnés en première instance, en août, à deux ans de prison ferme. Ils avaient fait appel, espérant être acquittés ; la semaine passée, le parquet avait requis l’aggravation des peines.

Ils ont été jugés coupables de « publication d’informations et de documents dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret, sur un réseau électronique ou d’autres moyens technologiques de médias ».

M. Farrah a également été condamné pour « réception de fonds d’institutions étrangères ou intérieures dans l’intention de commettre des actes pouvant porter atteinte à l’ordre public ». Pour ce motif, son père, âgé de 67 ans, a été condamné à un an d’emprisonnement avec sursis. Raouf Farrah avait été interpellé le 14 février chez ses parents à Annaba (nord-est de l’Algérie).

Brouille diplomatique avec la France

Selon plusieurs avocats et médias, l’affaire a démarré lorsque les services de sécurité ont eu accès au téléphone de M. Bendjama après son arrestation, le 8 février, dans les locaux du journal Le Provincial, à Annaba, dont il est le rédacteur en chef. Il était soupçonné d’avoir aidé la militante franco-algérienne Amira Bouraoui à quitter l’Algérie via la Tunisie deux jours plus tôt, alors qu’elle avait l’interdiction de sortir du territoire.

L’affaire Bouraoui, qualifiée d’« exfiltration illégale » par Alger, avait provoqué une brouille diplomatique avec la France. M. Bendjama a été l’un des acteurs phares à Annaba du mouvement de protestation en faveur de la démocratie en 2019. L’analyse du téléphone du journaliste a montré des contacts entre MM. Bendjama et Farrah ainsi que l’ONG anticorruption Global Integrity Index (GII).

Devant le juge, le journaliste a expliqué avoir compilé, pour le compte de GII et à la demande de son ami chercheur, « un rapport déclinant cinquante-quatre indicateurs socio-économiques en contrepartie de 1 500 dollars ».

Selon des médias, les enquêteurs auraient confondu le terme « indicateur » économique avec celui (« indic ») utilisé par la police pour les personnes leur fournissant des informations.

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M. Bendjama n’ayant pas de compte en devises, l’argent a été versé sur le compte de M. Farrah, qui a fait remettre la somme convertie en dinars à M. Bendjama, d’où une infraction à la réglementation des changes reconnue par M. Bendjama.

Le Monde avec AFP

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