Emmanuel Macron dans « Le Point » : ce qu’il faut retenir de l’interview du chef de l’Etat

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Le président Emmanuel Macron lors d’un sommet diplomatique à Bruxelles, le 17 juillet 2023.

Un dialogue avec l’ensemble des formations politiques pour des textes « transpartisans », voire des référendums, des propositions en matière d’éducation… Emmanuel Macron a esquissé mercredi 23 août, dans un long entretien accordé au magazine Le Point, les contours de sa rentrée politique, précisant le cadre de son « initiative politique d’ampleur », promise au début de l’été et censée débloquer une situation complexe au Parlement.

Rentrée politique : une réunion de tous les partis politiques « la semaine prochaine »

Emmanuel Macron confirme qu’il réunira les « principaux responsables politiques de notre pays » à La Celle-Saint-Cloud « dès la semaine prochaine ». Le chef de l’Etat justifie ce rendez-vous dans les Yvelines, auquel sont conviées « les forces politiques représentées de nos assemblées », par le « moment inédit » traversé par le pays, confronté aux « grands bouleversements géopolitiques, climatiques, technologiques » et menacé par des « risques de division ».

« Sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et propositions de lois, mais aussi des projets de référendums », anticipe le président de la République. En six ans de présidence, Emmanuel Macron a plusieurs fois évoqué l’hypothèse de référendums, sans pour l’heure y avoir eu recours.

Concernant les domaines qu’il compte aborder, Emmanuel Macron ouvre la porte à tout texte susceptible de « renforcer l’indépendance de notre pays et [de] rebâtir notre nation et tout ce qui la tient : la famille, l’école, le service national universel, la transmission de notre culture, notre langue, la régulation des écrans. Mais aussi notre organisation et nos institutions dans tous les territoires. »

Education : rentrée avancée pour les élèves en difficulté

Emmanuel Macron souhaite que les élèves « qui en ont besoin » puissent rentrer à l’école « dès le 20 août » pour « faire du rattrapage ». Le chef de l’Etat avait demandé fin juin à son gouvernement de travailler à une refonte des vacances d’été et du temps scolaire sur l’année, sans fixer de calendrier à ce stade, après une visite à Marseille au cours de laquelle il avait fait part de sa volonté de « rouvrir le débat » à ce propos.

Emmanuel Macron estime par ailleurs que les épreuves du baccalauréat, qui ont démarré pour la première fois en 2023 dès le mois de mars, ne peuvent pas se tenir « si tôt dans l’année ». « Le ministre [de l’éducation nationale], dans les prochains jours, annoncera les ajustements que nous déciderons sur ce sujet », ajoute-t-il.

Le président annonce enfin vouloir une refonte des programmes scolaires d’histoire et d’instruction civique, ainsi qu’un renforcement de « la formation des enseignants » dans ces deux matières.

Emeutes après la mort de Nahel : une « volonté de vengeance contre l’Etat »

Emmanuel Macron livre son « analyse » des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel M., tué par un tir policier le 27 juin à Nanterre. Dans ces violences commises par « quelques milliers de jeunes », le chef de l’Etat voit une « volonté de vengeance contre les forces de police, l’Etat, et tout ce qu’il représentait », décrivant aussi une « relation qui n’est pas réglée entre une partie de la jeunesse et l’autorité, en particulier les forces de l’ordre ». Parlant d’un « problème d’intégration », le président use de nouveau du terme de « décivilisation », un « processus » qu’il avait déjà évoqué en mai. « J’ai parlé de décivilisation il y a quelques mois. C’est bien cela que nous avons vu. Il faut donc s’atteler à reciviliser », martèle-t-il.

Concernant le traitement des émeutes, « quelques jours au début de l’été, contre trois semaines en 2005 », Emmanuel Macron se targue d’avoir été « intraitable ». « Nous avons été implacables », se félicite-t-il, rapportant 4 000 interpellations suivies de 1 000 comparutions immédiates. Au-delà des événements des derniers mois, le président, accusé par la droite et l’extrême droite de manquer d’autorité, assure avoir « reconstitué du muscle régalien », rappelant notamment les « 10 000 postes de sécurité intérieure » créés depuis 2017. « J’ajoute qu’il n’y a jamais eu autant de détenus en France, alors qu’on ne dise pas que la justice est laxiste ! »

Projet de loi immigration : le recours au 49.3 n’est pas exclu

Plusieurs fois reporté, à défaut notamment de majorité stable, le projet de loi immigration fait son retour à la rentrée. Emmanuel Macron confirme qu’il chargera le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, d’« échanger avec toutes les forces d’opposition qui vont dans ce même sens et [de] construire un projet le plus efficace possible ». Si le chef de l’Etat se dit prêt à accepter d’« enrichir le texte du gouvernement », après discussions avec l’opposition, il prévient que les « instruments de la Constitution » pourraient être mobilisés si aucune majorité ne se dégageait au Parlement. « Nous avons besoin de résultats et donc si un tel texte était bloqué, il ne faut rien s’interdire », assume Emmanuel Macron, interrogé sur un possible recours au « 49.3 ».

Lire aussi le récit : Article réservé à nos abonnés Immigration : chez Renaissance, la crainte d’être piégé par LR

Ukraine : Vladimir Poutine « nourrit le désordre du monde »

Emmanuel Macron dit souhaiter « que la contre-offensive des Ukrainiens puisse ramener tout le monde autour de la table des négociations ». « Une bonne négociation sera celle que les Ukrainiens voudront », poursuit le président de la République. Concernant Vladimir Poutine, le chef de l’Etat lui reproche d’avoir opéré « une rupture profonde en choisissant de ne plus respecter les accords internationaux ».

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« Je lui reparlerai quand ce sera utile », prend tout de même soin d’ajouter Emmanuel Macron, même si son homologue russe « nourrit le désordre du monde », « tout en étant membre du conseil de sécurité de l’ONU ». « C’est un choix profond », cingle-t-il. Au sujet des propos de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a estimé dans un entretien accordé au Figaro que l’avenir de la France était lié à celui de la Russie, M. Macron rétorque que c’est « à la Russie de définir quelle partenaire elle veut être ».

Afrique : les opérations au Sahel « ont été un succès »

« Si l’on prend de la hauteur, la France a eu raison de s’engager aux côtés d’Etats africains pour lutter contre le terrorisme. (…) Si nous ne nous étions pas engagés, avec les opérations Serval puis Barkhane, il n’y aurait, sans doute, plus de Mali, plus de Burkina Faso, je ne suis même pas sûr qu’il y aurait encore le Niger », estime le président de la République.

Le chef de l’Etat appelle une nouvelle fois à la « restauration de l’ordre constitutionnel » au Niger et à la libération du président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par des militaires. « Ce coup d’Etat est un coup contre la démocratie au Niger, contre le peuple nigérien et contre la lutte antiterroriste », a-t-il dénoncé.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Niger, autopsie d’un coup d’Etat

Le Monde

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