La souris des sables, papa poule par la magie d’une hormone

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Une femelle souris des sables et ses petits.

La souris sylvestre et la souris des sables. A eux seuls, les deux héros du jour – puisque autant le dire tout de suite, ce sont les mâles qui vont tenir le haut de l’affiche – dégagent un doux parfum de fable. Mais que les fidèles de cette chronique se rassurent : pas de La Fontaine au menu cette semaine. De la science, rien que de la science. Avec des cellules, des enzymes, des hormones, le tout puisé dans la revue Nature du 15 mai.

Deux espèces, donc. A ma gauche, la souris sylvestre (Peromyscus maniculatus), le mammifère le plus abondant d’Amérique du Nord : 18 grammes de muscles et de poils, une énergie débordante. A ma droite, la souris des sables (Peromyscus polionotus), sa proche cousine. Plus rare et plus discrète. Plus frêle également, avec seulement 13 grammes, une plume dans la famille souris. Pourtant la différence essentielle, celle qui fascine les chercheurs depuis près d’un siècle, tient à tout autre chose. Là où la première affiche une sexualité débridée et polygame, avec parfois quatre pères au sein d’une même portée, la seconde a opté pour une vie monogame. Et comme souvent chez les animaux, l’engagement paternel en découle. Les pères fidèles prennent soin des petits, les plus volages s’en désintéressent. Pas de morale, ici, juste de la science.

Depuis douze ans qu’il étudie les deux espèces, dans son laboratoire de génétique et de neurobiologie de l’université Columbia, à New York, Andrés Bendesky pensait avoir à peu près tout comparé. Jusqu’à ce qu’il se penche sur les glandes surrénales des deux rongeurs. Et là, surprise ! Celle de la souris des sables s’avère quatre fois plus lourde que celle de la souris sylvestre. Et même six fois plus, rapporté aux poids respectifs des deux rongeurs.

20α-OHP : une vieille connaissance

Alors l’équipe américaine ausculte ces organes de quelques milligrammes. Et découvre chez la souris des sables un cortex neuf fois plus étendu. A l’intérieur, elle dénombre davantage de cellules fabriquant de la corticostérone, l’hormone du stress. Mais surtout, elle met en évidence un nouveau type cellulaire, jamais observé jusqu’ici, ni chez les souris, ni ailleurs. Des cellules dont l’analyse génétique montrera qu’elles sont apparues il y a vingt mille ans, « un clin d’œil à l’échelle de l’évolution », indique le chercheur américain.

Dès lors, ils suivent cette piste toute fraîche. Ils découvrent que, dans ces cellules, un gène présente une activité particulièrement soutenue, qu’il y produit une enzyme spécifique, elle-même à l’origine de l’hormone 20α-hydroxyprogesterone (20α-OHP pour les intimes). Une vieille connaissance, en vérité. « Elle a été découverte chez les humains en 1958, mais personne n’a jamais vraiment su à quoi elle servait », poursuit-il.

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