Bercy annule un étrange prêt de 1,3 million d’euros accordé par un député ciottiste, haut fonctionnaire du ministère

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Le ministère de l’économie et des finances, à Paris, le 5 juin 2023. (illustration)

Un prêt de 1,3 million d’euros accordé à une entreprise par Alexandre Allegret-Pilot, haut fonctionnaire de Bercy et nouveau député de l’union entre le Rassemblement national (RN) et le président contesté du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, a été annulé, samedi 13 juillet, au Journal officiel après les révélations du Monde publiées jeudi.

« L’arrêté du 5 juillet 2024 relatif au versement d’une aide au soutien de la trésorerie de la société Vitis Gallica est abrogé », selon le Journal officiel.

Alexandre Allegret-Pilot avait autorisé cette aide financière pour cette société qui n’existe pas, par le biais d’un arrêté signé le 5 juillet, entre les deux tours des élections législatives anticipées, a révélé Le Monde. L’entreprise n’a en effet pas de numéro de Siret (numéro d’identification d’un établissement).

« Des vérifications internes sont en cours et aucun argent n’a été versé », a affirmé le ministère de l’économie et des finances à l’Agence France-Presse (AFP) samedi matin.

A l’origine, le prêt avait été autorisé en décembre 2023 par Alexandre Allegret-Pilot, chef de la mission de restructuration des entreprises à Bercy, dans le cadre d’un dispositif d’aide aux entreprises fragilisées par la guerre en Ukraine, pour une autre entreprise d’hélicoptères, dénommée MBH Samu, domiciliée à Annemasse, en Haute-Savoie, à 30 kilomètres de son village. Sollicitée par Le Monde, cette entreprise, dont le chiffre d’affaires s’élevait à 27 millions d’euros en 2022, n’a pas répondu.

« Il n’y a pas d’entreprise Vitis Gallica »

Le 5 juillet, pour une raison encore non éclaircie, Alexandre Allegret-Pilot a changé le nom du bénéficiaire pour une autre entité, la mystérieuse Vitis Gallica, en modifiant quelques mots de l’arrêté initial. Sa précipitation à autoriser le prêt d’une telle somme à deux jours de son élection questionne. Interrogé par Le Monde, l’intéressé dit avoir agi sur note écrite du ministre. « Tout est carré, j’ai appliqué la décision de Bruno Le Maire, se défend-il. C’est un dossier qui est remonté sur le bureau d’Emmanuel Macron. J’étais en fonctions jusqu’à dimanche 20 heures, donc j’ai fait mon boulot. » « Totalement faux, conteste le cabinet de Bruno Le Maire. Ni le ministre ni l’Elysée n’ont demandé qu’un financement soit octroyé à cette entreprise Vitis Gallica. Nous avons découvert cet arrêté non conforme. »

« Il se trouve que MBH n’en a pas eu besoin, finalement, de ce prêt, donc on n’a jamais mobilisé l’enveloppe qui était associée à cet arrêté », a expliqué à l’AFP Alexandre Allegret-Pilot. « Mais qu’est-ce qui se passe si j’abroge cet arrêté ? Les crédits qu’on a gelés, ils disparaissent », donc avec le nouvel arrêté signé le 5 juillet, « on maintient les crédits en l’air le temps que mon successeur décide s’il veut les utiliser ou pas », a justifié Alexandre Allegret-Pilot, reconnaissant qu’« il n’y a pas d’entreprise Vitis Gallica ».

Conseiller municipal divers droite d’une petite commune de Haute-Savoie depuis 2020, Alexandre Allegret-Pilot, 35 ans, a été élu, dimanche 7 juillet, député de la 5e circonscription du Gard avec 51,58 % des voix.

Le Monde avec AFP

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