La Seine-Saint-Denis, laboratoire du chèque alimentation durable

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Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, lors d’un atelier cuisine avec une diététicienne, à Montreuil, le 16 juillet 2024.

La Seine-Saint-Denis veut réhabiliter le principe du chèque alimentaire. L’objectif de Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil départemental, est de « prouver l’utilité et le bien-fondé d’un tel dispositif à Emmanuel Macron ». Avec Action contre la faim et d’autres associations partenaires, le département le plus pauvre de France métropolitaine lance en ce mois de juillet une expérimentation prévue sur trois ans de transferts monétaires pour lutter contre l’insécurité alimentaire.

Concrètement, 1 350 habitants de Montreuil, de Sevran, de Villetaneuse et de Clichy-sous-Bois recevront chacun 50 euros par personne et par mois sur une carte, pendant six à huit mois. Avec ce moyen de paiement, ils pourront acheter les produits alimentaires de leur choix dans les commerces partenaires – allant de l’épicerie à des restaurants et hypermarchés situés dans le secteur. Et cumuler jusqu’à 25 euros « en bonus » s’ils achètent des produits « durables » ou bio. Cette aide est distribuée en priorité aux habitants des quartiers populaires, aux étudiants, aux personnes âgées et aux femmes enceintes ou jeunes mères.

« Une carte seule ne peut pas nous permettre d’aider les personnes à regagner confiance en elles, à sortir de la solitude ou encore à prendre soin d’elles à travers l’alimentation », tient à souligner Catherine Deger, secrétaire générale du Secours populaire à Montreuil. Mais le dispositif prévoit un accompagnement des détenteurs de la carte, comme cet atelier cuisine organisé mardi 16 juillet, à la résidence pour seniors des Ramenas, à Montreuil.

Ce matin-là, le Secours populaire a fait appel à la diététicienne Dorothée Toulemonde pour enseigner des recettes à faire sans cuisson, sans réfrigérateur et sans se ruiner. « On va bien s’amuser ! », assure la spécialiste, avant d’expliquer comment émietter la surface d’un brocoli, pour accompagner un taboulé composé de thon et de légumes bio.

Equipée d’une charlotte et d’un tablier, Hanane (les prénoms des bénéficiaires ont été modifiés) est ravie de participer. La Montreuilloise de 38 ans n’a pas le droit de travailler car elle est sans papiers. Cette mère de deux enfants s’implique dans de nombreuses activités bénévoles, surtout auprès de personnes âgées, comme Lucien, 74 ans, son voisin de table, un comptable à la retraite qui vit à la résidence des Ramenas. « J’ai l’impression de passer du temps avec mon père, qui me manque beaucoup », glisse-t-elle pudiquement.

« Nous gardons notre dignité »

Comme Hanane, Lucien préfère sans hésiter le principe de la carte Vital’im à celui « des longues files des distributions de colis alimentaires ». « Je n’étais pas fier, c’est un peu dégradant et humiliant de faire la queue pour ça », se souvient-il. Avec ce dispositif, « nous pouvons choisir nous-mêmes nos produits et nous gardons notre dignité ». Hanane acquiesce. D’après une étude du Crédoc publiée fin 2023, 35 % des personnes en situation de précarité alimentaire ont déjà renoncé à recourir à de l’aide par honte ou par gêne. Le retraité prévoit d’utiliser sa carte dans des magasins bio, « réservés à une élite », où il n’osait jamais entrer à cause des prix trop onéreux pour son porte-monnaie.

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