En Hongrie, le directeur d’un musée renvoyé pour avoir laissé des mineurs voir les images du World Press Photo

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Des visiteurs affluent pour voir l’exposition censurée de tirages du prix World Press Photo au Musée national hongrois de Budapest, le 1er novembre 2023.

La Hongrie contemporaine ressemble décidément de plus en plus à cette Hongrie absurde de la période communiste dépeinte dans Le Témoin (1969) de Peter Bacso, ce film satirique culte où les adeptes du parti sont progressivement avalés par la machine de propagande d’un système devenu fou. Lundi 6 novembre, c’est un fidèle du premier ministre nationaliste Viktor Orban, Laszlo L. Simon, directeur du Musée national hongrois de Budapest, qui en a fait les frais.

Pour avoir été incapable de faire appliquer les ordres du gouvernement lui intimant de barrer l’accès des mineurs à une exposition de tirages du célèbre prix World Press Photo, M. Simon a été brutalement remercié par le ministre de la culture, Janos Csak. Ce dernier a reproché au directeur, qui est lui-même un ancien député et secrétaire d’Etat de M. Orban, « de n’avoir pas respecté ses obligations légales » découlant d’une loi votée en 2021 pour interdire « de montrer l’homosexualité aux mineurs ».

Ce texte, qui suscite depuis son adoption de vives critiques des ONG de défense des personnes LGBT + et qui vaut à la Hongrie une énième procédure de sanction de la Commission européenne, fait planer depuis deux ans une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tous les créateurs de ce pays d’Europe centrale.

Livres pour enfants sous blister

Ces derniers mois, les libraires hongrois sont ainsi contraints de devoir vendre sous blister les livres pour enfants montrant des personnages homosexuels ou sont même carrément forcés de les bannir de leurs rayons s’ils se trouvent à moins de deux cents mètres d’une école ou d’une église.

Cette fois-ci, ce sont les bien inoffensives images de la photographe philippine Hannah Reyes Morales qui ont déclenché la machine à censurer du pouvoir. Cette artiste a été récompensée en avril par le World Press pour son travail pour le New York Times sur la vie d’une communauté de retraités LGBT vivant ensemble dans une maison de Manille. « Les visiteurs peuvent voir des hommes qui portent des vêtements de femme et des talons aiguilles, et mettent du rouge à lèvres », a dénoncé, outrée, la députée d’opposition Dora Duro, qui a déclenché le scandale fin octobre, après avoir visité ce musée avant tout consacré à l’histoire magyare.

Vice-présidente du parti ouvertement raciste et homophobe Notre patrie, cette élue se veut encore plus radicale que le Fidesz de M. Orban sur les questions de genre. Elle a dénoncé l’exposition au Parlement en demandant au ministère de la culture de faire appliquer la loi votée en 2021. Ce dernier s’est exécuté en imposant au musée de bannir l’entrée de l’exposition aux mineurs.

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