L’Arménie pressée par l’Azerbaïdjan de créer le corridor stratégique de Zanguezour

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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, le 25 septembre 2023, à Nakhitchevan, en Azerbaïdjan.

Depuis l’offensive éclair des troupes azerbaïdjanaises dans le Haut-Karabakh, le 19 septembre, et la chute de l’enclave séparatiste, les Arméniens n’ont qu’une crainte : que l’Azerbaïdjan tente d’attaquer l’Arménie elle-même. Voilà trois ans que le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, réclame la création du « corridor de Zanguezour », censé relier son pays à l’exclave du Nakhitchevan, au sud-ouest de l’Arménie, et, au-delà, offrir une continuité terrestre avec la Turquie, son grand allié. Face à l’hostilité de l’Arménie, il s’est dit prêt à l’obtenir par la force.

Quelques jours à peine après la défaite du Haut-Karabakh et l’exode de 100 000 Arméniens de la région, le dirigeant autoritaire a de nouveau réaffirmé cette priorité en recevant son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi 25 septembre, dans le lieu symbolique du Nakhitchevan. Le président turc a lui aussi souligné l’importance d’ouvrir ce corridor et espéré qu’il soit réalisé « le plus rapidement possible ».

Bakou accuse Erevan de ne pas respecter le cessez-le-feu du 9 novembre 2020, qui a mis fin à la guerre des quarante-quatre jours dans l’ex-enclave séparatiste. L’article 9 de cet accord, assez flou et qui fait l’objet d’interprétations différentes, prévoit que « toutes les liaisons économiques et de transport dans la région seront libérées » et que l’Arménie « garantira la sécurité des liaisons de transport entre les régions occidentales de la République d’Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan afin d’assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises dans les deux sens ». L’article précise que « le service des gardes-frontières du service fédéral de sécurité russe [FSB] est chargé de superviser les liaisons de transport ».

Accord avec Téhéran

Jusqu’à récemment, l’Azerbaïdjan exigeait un couloir continu traversant la région arménienne de Siounik (sud) et échappant à la souveraineté arménienne. Les autorités arméniennes se sont dites prêtes à débloquer les communications, mais elles rejettent catégoriquement le terme de « corridor », dont le caractère extraterritorial impliquerait la perte du contrôle souverain sur une partie de leur territoire. Bakou s’est dit, depuis, enclin à renoncer à cette extraterritorialité.

L’Iran, voisin de l’Arménie et grand rival de la Turquie, s’est montré hostile dès le début à la création d’un tel corridor, craignant d’être coupé de son débouché terrestre vers le nord, et de renforcer l’axe turcique entre la Turquie et l’Azerbaïdjan. Le 6 octobre, pourtant, surprise : le vice-premier ministre azerbaïdjanais, Shahin Mustafayev, annonce qu’un accord a été trouvé avec Téhéran pour créer une route reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan en passant par l’Iran, contournant ainsi l’Arménie.

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