Avec Beatriz Hevia, l’extrême droite chilienne se refait une jeunesse

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La présidente de l’assemblée constituante chilienne, Beatriz Hevia, applaudie lors de sa prise de fonction, le 7 juin, à Santiago du Chili.

Le 7 novembre, le président de gauche chilien, Gabriel Boric (Convergence démocratique), recevra des mains de Beatriz Hevia, présidente du Conseil constitutionnel, chargé de l’élaboration d’une nouvelle Loi fondamentale, sa proposition de Constitution. Sur le plan des idées, tout les sépare. Gabriel Boric a porté lors de sa campagne ­présidentielle, fin 2021, un projet profondément progressiste et social. A l’autre bout du spectre politique, Beatriz Hevia, élue d’extrême droite, défend un modèle de société ultraconservateur et néolibéral. Leur point commun : ils sont tous les deux trentenaires. Gabriel Boric est le plus jeune président de l’histoire du pays, élu à 35 ans. Beatriz Hevia tient les rênes du Conseil constitutionnel, à seulement 30 ans.

Comme l’ensemble des cinquante membres de cette assemblée constituante, l’avocate de formation a été élue le 7 mai, lors d’un scrutin au vote obligatoire. Le Conseil qu’elle préside est chargé de remplacer la constitution actuelle, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Pour les Chiliens, ce processus a des airs de déjà-vu. Entre 2021 et 2022, une autre assemblée, penchant largement à gauche a rédigé un texte progressiste, féministe et social. Mais il a été rejeté par une large majorité de la population, le 4 septembre 2022, lors d’un référendum, entraînant une nouvelle élection.

En un ­mouvement pendulaire, de la gauche vers l’extrême droite, l’élection du 7 mai a consacré la percée du Parti républicain (extrême droite), auquel appartient Beatriz Hevia. Loin des sorties polémiques ou frontales de certains membres du parti, « Beatriz Hevia est jeune, intelligente. Elle est le visage affable des Républicains », observe Jeanne Simon, professeure associée et chercheuse en science politique à l’université de Concepción.

Conseillère parlementaire à 26 ans

Elue pour la circonscription de Los Lagos (930 kilomètres au sud de Santiago), elle représente le Chili des régions éloignées des lieux de pouvoir. Elle suit pourtant ses études de droit avec l’élite de Santiago, à ­l’université privée et catholique des Andes. Un campus aux faux airs américains, fréquenté par des étudiants issus de classes favorisées, dans une banlieue chic de la capitale. Beatriz Hevia est cette élève discrète, aux longs cheveux blonds et aux épaisses lunettes de vue. « Elle était très sérieuse, concentrée », se souvient Luis Silva, son ancien professeur de droit, élu à l’assemblée constituante pour le Parti républicain.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Chili, les paradoxes de la future Constitution

L’étudiante aux idées conservatrices se fait remarquer par le député très à droite José Antonio Kast, futur fondateur du Parti républicain en 2019. A 26 ans à peine, elle devient conseillère parlementaire du député de droite Harry Jürgensen Rundshagen (de 2018 à 2021). Ils ont vingt-cinq ans d’écart mais leurs familles – d’importants éleveurs du sud du pays, d’origine allemande – se connaissent bien. « On a reçu la même éducation. Beatriz est une chrétienne qui défend ­profondément la famille et la vie dès la conception », décrit le député désormais allié à l’extrême droite.

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