Contrairement à la Grande Boucle masculine, il est souvent bénéfique de participer aux échappées sur le Tour de France Femmes. Vendredi 28 juillet, pour la troisième fois en trois jours, c’est l’une de celles qui se sont extraites tôt du peloton qui a levé les bras à l’arrivée de la 6e étape, courue entre Albi et Blagnac (Haute-Garonne). La Danoise Emma Norsgaard a profité des nouvelles tergiversations au sein du peloton pour s’imposer. La coureuse de l’équipe Movistar a devancé d’une seconde la sprinteuse néerlandaise Charlotte Kool (DSM). La Belge Lotte Kopecky (SD Worx), porteuse du maillot jaune, a pris la 3ᵉ place, devant Marianne Vos (Pays-Bas, Jumbo-Visma).
Emma Norsgaard (24 ans) devient ainsi la troisième plus jeune vainqueure sur le Tour de France Femmes, dans sa version moderne organisée par ASO. Elle offre, par ailleurs, un deuxième succès dans cette édition 2023 à son équipe, après celui obtenu par l’Allemande Liane Lippert, à Mauriac (Cantal), lors de la 2ᵉ étape.
A l’arrivée, Norsgaard était très émue, car, en dehors d’un succès lors du contre-la-montre des championnats de Danemark, la réussite la fuit depuis près d’un an. « Je n’ai pas les mots, a-t-elle lâché au micro de France Télévisions, les yeux embués de larmes. Je voudrais remercier tous ceux qui ont cru en moi. C’est la plus grande victoire de ma carrière. »
Un peloton encore attentiste
Présente dans une échappée composée de trois coureuses – en compagnie de la Polognaise Agnieszka Skalniak-Sojka et de l’Espagnole Sandra Alonso – Emma Norsgaard a surtout profité d’un peloton encore trop attentiste ce vendredi. Annoncée comme favorite en l’absence de sa rivale Lorena Wiebes (SD Worx), vainqueure de la 3ᵉ étape à Montignac-Lascaux (Dordogne) et contrainte d’abandonner en raison de maux gastriques, Charlotte Kool (Team DSM) a d’abord été distancée à 60 kilomètres de l’arrivée, dans la côte du Clos Pourtié (2,8 km à 4,8 %).
Attendue par ses coéquipières, la poursuiveuse américaine Megan Jastrab et de la Néerlandaise Esmée Peperkamp, la sprinteuse a réussi à faire la jonction à 50 kilomètres de l’arrivée, au prix d’un effort important. S’en est suivi un ralentissement à l’avant du peloton, qui a compté jusqu’à deux minutes de retard sur le trio de tête.
Quelques coureuses de la FDJ-Suez, à l’instar de l’Australienne Grace Brown (spécialiste du contre-la-montre et très attendue dimanche à Pau), ont alors déclenché une course de mouvements pour tenter de rattraper l’échappée. En vain. Pour rappel, l’équipe tricolore n’avait aucun intérêt à voir une arrivée au sprint massif puisque la spécialiste maison, la Française Clara Copponi, est ménagée en vue des Mondiaux de Glasgow (du 3 au 13 août).
Une chute dans le dernier virage
Les vingt derniers kilomètres, sur des portions larges, ont alors permis aux équipes de sprinteuses d’œuvrer à leur guise. Grâce à la formation UAE d’abord – pour Chiara Consonni, vainqueure de la dernière étape du Tour d’Italie –, la Jumbo-Visma (Marianne Vos figurait parmi les favorites) et la DSM (pour Charlotte Kool). Ensuite, l’avance des échappées s’est réduite comme peau de chagrin. D’une minute à 15 kilomètres de l’arrivée, l’écart est tombé à 8 secondes sous la flamme rouge.
C’était sans compter sur une chute à l’avant du peloton dans la dernière chicane de l’étape. Même épargnées lors de cet incident de course, les meilleures sprinteuses ont réagi trop tardivement. Pour le plus grand bonheur d’Emma Norsgaard, qui a finalement lâché sa complice d’échappée Agnieszka Skalniak-Sojka dans les derniers hectomètres en portant une accélération décisive.
Lotte Kopecky, 3ᵉ de l’étape, conserve son maillot jaune au moins un jour de plus. Samedi, l’avant-dernière étape de ce Tour, entre Lannemezan et le Tourmalet, dans les Hautes-Pyrénées, est taillée pour les grimpeuses, notamment Annemiek van Vleuten et Demi Vollering. Les deux Néerlandaises ne sont séparées que de 12 secondes à la suite de la sanction de 20 secondes infligée à Vollering – qui s’est abritée trop longtemps derrière sa voiture après une crevaison lors de la 5ᵉ étape. Une pénalité à laquelle s’est ajoutée l’exclusion de son directeur sportif, Danny Stam, auteur d’un dépassement dangereux et de propos injurieux envers le jury des commissaires. A l’approche de Pau, où l’arrivée du Tour de France Femmes sera jugée dimanche, la tension est palpable.