
Il n’a rien vu venir. A peine sorti du bassin, vendredi soir 28 juillet, Florent Manaudou s’est présenté devant les journalistes avec le sourire aux lèvres, mais sonné comme rarement. Le champion olympique de Londres, en 2012, ne disputera pas la finale du 50 mètres nage libre, la seule épreuve sur laquelle il était engagé en individuel aux Mondiaux de Fukuoka. Le Français a terminé dernier de sa course, avec le 12e temps des demi-finales (21 s 96). Loin, très loin de son record personnel (21 s 19), établi à Kazan (Russie) en 2015.
A chaud, le capitaine des Bleus ne comprenait pas les raisons de son naufrage. « Franchement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je n’en ai aucune idée, a insisté le nageur aux cheveux teints en blond. Quand je touche et que je ne vois pas la lumière sous mon plot, je me dis : “bon, ça doit passer, je dois être 4e ou 5e”. Mais quand j’ai levé la tête et vu que j’étais 8e, j’ai su que ça allait être compliqué… »
En début d’année, les mauvais temps qui s’accumulaient l’ont plongé dans le doute. Manaudou a alors tout remis à plat pour tenter de relever le dernier grand défi de sa carrière dans les bassins : remporter une quatrième médaille olympique à Paris en 2024 sur 50 mètres, après l’or, en 2012 à Londres, et l’argent, en 2016 à Rio et en 2021 à Tokyo. Le nageur de 32 ans a appelé à la rescousse son mentor britannique, James Gibson, pour épauler à distance son tandem d’entraîneurs (et amis) à Antibes, Quentin Coton et Yoris Grandjean. Avec Thomas Sammut, son préparateur mental, et Mathieu Burban comme consultant technique pour compléter son équipe.
« Il ne faut pas non plus se morfondre »
Aux championnats de France à Rennes, mi-juin, il s’était complètement rassuré, en nageant la distance en 21 s 56, soit la troisième performance mondiale de l’année. « Peut-être qu’entre les championnats de France et ici [au Japon], il fallait travailler différemment. Je n’en sais rien, je vais voir avec James, Quentin et Yoris… »
L’an dernier aux Mondiaux de Budapest, Manaudou avait déjà pris la porte dès les demi-finales de l’aller simple. Mais il avait fait de 2022 une année de transition et savait pourquoi il en était arrivé là. En toute transparence, il avait concédé un manque d’assiduité. « Ça prouve que le talent ne suffit pas et qu’il faut bosser. J’ai moins travaillé donc ça ne passe pas », disait-il dans la capitale hongroise.
Cette fois, depuis son arrivée au Japon, aucun voyant n’était au orange, encore moins au rouge. Quentin Coton semble tout aussi désorienté que son nageur. « On est surpris, on est tous très déçus, on ne s’y attendait pas, a-t-il reconnu. Dès le plongeon, je me dis qu’il y a un truc qui ne va pas, il n’a pas trop de vitesse à la reprise de nage. A l’échauffement, les temps étaient plutôt rassurants. Il y a forcément un truc technique qui n’est pas bon… » Et le coach de poursuivre : « Il va falloir faire des ajustements, on ne peut pas se contenter de ça, parce que l’objectif n’est pas de nager 21 s 50, on veut qu’il aille vite. On ne peut pas nager moins vite à 35 coups de bras [lors des séries vendredi matin, avec un chrono de 21 s 72], qu’à 33 [en demi-finale], ce n’est pas possible… »
Le « gorille », le surnom du nageur d’1,99 mètre (pour 99 kilos), préfère relativiser. « Je ne me sentais pas si mal que ça, mais ce n’est pas grave. J’ai arrêté d’être déçu des mauvaises courses parce qu’il n’y a pas mort d’homme, on fait du sport, c’est tout. Il ne faut pas non plus se morfondre. »
Quentin Coton veut, lui aussi, croire que Manaudou se remettra de ce « coup sur la tête ». « Comme on dit, les champions sont capables de rebondir, et s’il y en a bien un qui est capable de le faire, c’est Flo. »
Le relais 4 × 200 m avec Léon Marchand au pied du podium
Malgré la remontée de Léon Marchand de la 6e à la 4e place en fin de course, les Français ont terminé au pied du podium en finale du relais 4 × 200 m nage libre, vendredi 28 juillet, aux Mondiaux de Fukuoka (Japon), avec un chrono de 7 min 3 s 86. La Grande-Bretagne s’est imposée (6 min 59 s 08), devant les Etats-Unis (7 min 0 seconde 02) et l’Australie (7 min 2 s 13).
« Aujourd’hui, on n’est vraiment pas loin du podium. Devant, ce sont des grosses nations, mais on va travailler très dur pendant un an pour être [sur le podium aux JO à Paris] », a résumé Hadrien Salvan, au côté d’Amazigh Yebba, Enzo Tesic et Léon Marchand.
Longtemps hors du coup, le quatuor tricolore est revenu à la bagarre à la faveur du relais du triple champion du monde à Fukuoka (à qui Roman Fuchs avait cédé sa place après les séries). Auteur d’une coulée interminable aux 100 mètres, l’homme-poisson a joué avec la limite autorisée des 15 mètres : « J’ai vu la marque, je me suis dit “ouh là, il faut que je remonte”, je suis remonté comme un piquet, techniquement c’est pas la folie… » « On n’a pas les mêmes problèmes… [que lui] », ont rigolé ses trois camarades.