Il n’était pas facile d’attirer une partie de la lumière dans un Tour de France 2023 occulté par le duel épique entre le futur double vainqueur, Jonas Vingegaard, et son dauphin, Tadej Pogacar. D’autant plus quand le vert du maillot du classement par points est bien moins éclatant qu’auparavant et, donc, moins repérable au sein du peloton.
Heureusement, Jasper Philipsen, son détenteur, a trouvé la parade pour se montrer dans les sprints. Vainqueur de quatre étapes dans cette 110e édition de la Grande Boucle, le Belge a l’occasion d’en remporter une cinquième, dimanche 23 juillet, sur l’avenue des Champs-Elysées, à Paris. Il serait le premier à réaliser telle prouesse depuis l’Allemand Marcel Kittel, en 2017.
« Si vous m’aviez dit ça, il y a une semaine, je vous aurais traité de fou. C’est un Tour de rêve », savourait-il à Bordeaux, le 7 juillet, un troisième bouquet en mains. Précédemment, il avait déjà levé les bras à Bayonne et à Nogaro. Il domptait encore ses concurrents à Moulins. Au total, le sprinteur de l’équipe Alpecin-Deceuninck totalise déjà dix succès cette saison. Seuls Tadej Pogacar (16) et Jonas Vingegaard (12) font mieux.
Pourtant, son histoire d’amour avec le Tour de France a été un peu longue à démarrer. En 2019, pour sa première participation, il abandonne au matin de la 12e étape. En 2021, il finit à six reprises dans les trois premiers de l’étape sans parvenir à s’imposer une seule fois et fond en larmes à l’arrivée sur la plus belle avenue du monde, devancé par le seul Wout van Aert.
Un an plus tard, le natif de Mol – comme son compatriote et ancien professionnel Tom Boonen – prenait sa revanche en s’imposant à Paris. Une semaine après son premier succès sur l’épreuve décroché à Carcassonne.
Depuis, Philipsen a passé un cap immense en dominant de la tête et des épaules les sprints massifs. « La différence est énorme entre le Jasper d’aujourd’hui et celui qui pleurait sur les Champs-Elysées il y a deux ans. J’ai pris de l’expérience, du muscle aussi », expliquait-il au soir de la 7e étape. « Ce gars est le meilleur sprinteur du monde actuellement. Chapeau à lui d’avoir gagné quatre étapes dans un même Tour », le félicitait Mads Pedersen (Lidl-Trek), beau joueur, à Moulins, le 12 juillet. Le Danois a d’ailleurs été le seul à le battre sur son terrain de jeu, à Limoges, lors de la 8e étape.
Agé de 25 ans, le Flamand ne se prédestinait pas directement à un profil de « grosses cuisses ». Plutôt fluet aux côtés de ses camarades têtes brûlées, l’homme à la chevelure blonde et au visage poupin s’orientait vers les classiques. « A l’époque, il était plus fort que ce qu’il pensait. Il ne se rendait pas compte du potentiel qu’il avait, se souvient Tanguy Turgis, petit frère d’Anthony (TotalEnergies) et coéquipier de Jasper Philipsen en 2017, dans l’équipe de jeunes BMC Development. Il savait qu’il était rapide, mais dire qu’il était pur sprinteur, je ne sais pas. » Sa deuxième place sur Paris-Roubaix, le 9 avril, derrière son coéquipier Mathieu Van der Poel, a prouvé qu’il pouvait aussi s’épanouir sur les courses d’un jour.
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