Dans les bassins de Fukuoka (Japon), les nageurs russes manquent à l’appel – bannis depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022 –, mais ils ne sont pas les seuls. A un an des Jeux olympiques de Paris 2024, trois stars de la discipline figurent parmi les grands absents des Mondiaux (du 23 au 30 juillet) : l’Américain Caeleb Dressel, le Britannique Adam Peaty et le Hongrois Kristof Milak.
Au-delà de leur goût pour les podiums, les trois nageurs partagent une réalité moins étincelante : chacun lutte actuellement contre des problèmes de santé mentale.
Héros des Jeux 2021, Caeleb Dressel est reparti de Tokyo avec trois titres olympiques individuels sur 50 m nage libre, 100 m nage libre et 100 m papillon (assorti du record du monde en 49 s 45), en plus de deux sacres en relais. A peine un an plus tard, l’Américain de 26 ans quittait avec fracas Budapest lors des championnats du monde, renonçant à disputer les demi-finales du 100 m, avant de déclarer forfait pour le reste de la compétition. Officiellement pour « raisons médicales ».
« Je n’ai pas nagé depuis les Mondiaux et je peux honnêtement dire que j’ai été heureux sans natation, révélait-il sur Instagram en septembre 2022, sans jamais prononcer le mot “dépression”. Je suis finalement parti en lune de miel en Islande, j’ai acheté un tracteur, […] nagé avec des lamantins. Je sais que je peux nager et éprouver du bonheur en même temps […] et je travaille là-dessus. »
Neuf mois plus tard, Dressel a décidé de replonger dans une compétition officielle, à l’occasion des championnats des Etats-Unis, fin juin. Très loin de ses standards, il a échoué à se qualifier pour les Mondiaux, mais l’essentiel pour lui était ailleurs : il a retrouvé le plaisir d’enfiler son maillot de bain. « C’est la première fois depuis longtemps que je le vois heureux en nageant », insistait son entraîneur à l’université de Floride sur le site SwimSwam, confiant dans sa capacité à revenir à temps pour Paris 2024.
Accepter l’ennui en plus de souffrir
Le forfait de la star américaine à Fukuoka ouvre le champ des possibles aux Français, en particulier Maxime Grousset et Florent Manaudou, tout comme l’absence du roi du papillon Kristof Milak, rival de Léon Marchand. A l’été 2022, chez lui, dans la Duna Arena, le champion olympique en titre du 200 m papillon avait amélioré son record du monde sur la distance (1’ 50” 34) et décroché l’or sur 100 m papillon. « J’aurais pourtant voulu poursuivre ma série victorieuse, mais en ce moment je ne suis ni physiquement ni mentalement au niveau », a expliqué, le 21 juin, le nageur de 23 ans sur la page Facebook de son club de Budapest.
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