
Des championnats du monde à domicile, une « medal plaza » aux airs olympiens, un public tricolore venu en nombre au stade Charléty (Paris) mais aucune Marseillaise… Au moment de dresser le bilan de « ses » mondiaux de para-athlétisme, après dix jours de compétition, l’équipe de France montrait un visage frustré, lundi 17 juillet. A un an des Jeux paralympiques, les Bleus ne figurent qu’en 58e position au tableau des nations, avec seulement 4 médailles de bronze. Loin, très loin, des trois meilleures délégations : la Chine (45 médailles dont 16 en or), le Brésil (47 médailles dont 14 en or) ou les Etats-Unis (39-médailles dont 10 en or). Et la liste des « petits » pays qui ont fait mieux que les Bleus est trop longue pour être citée ici.
Lors de ces Mondiaux, la France est devenue la championne… des « cinquièmes places », en accumulant pas moins de douze accessits. Cela rend le bilan d’autant plus amer, car la World Para Athletics, la fédération internationale, délivrait des places pour les Jeux de 2024 aux quatre premiers de chaque épreuve. Si les Bleus ont fait mieux que lors des derniers championnats du monde à Dubaï, obtenant 9 tickets pour les Jeux paralympiques, contre 6 en 2017, le signal reste inquiétant à un an de l’événement planétaire. Le para-athlétisme représente à lui seul plus de 30 % des médailles attribuées.
Un maigre bilan tricolore
Le bilan tricolore a inéluctablement plafonné après les troisièmes places à la longueur (T37, paralysés cérébraux) de Valentin Bertrand et de Manon Genest. « La France organise enfin à Paris un grand événement parasportif. A un an des Jeux, je veux envoyer un message fort à mes adversaires : Paris, c’est chez nous ! », lançait Timothée Adolphe avant le début des Mondiaux. La suite n’aura pas vraiment donné raison au vice-champion olympique du 400 m (T11, déficients visuels), qui était alors présenté comme la valeur sûre d’une équipe de France rajeunie.
Mais le « guépard blanc » n’a pas pu, à lui seul, sauver le bilan français du marasme. Troisième d’une finale à quatre sur 400 m, juste devant son compatriote Trésor Makunda, le sprinteur ne cachait pas sa déception quand, deux jours plus tard, il remportait de nouveau le bronze sur 100 m – une distance où il défendait son titre mondial : « Ça reste une médaille mondiale, mais on voulait défendre le titre et offrir une Marseillaise au public français. On est désolé », regrettait le champion du monde 2019.
« C’est sûr que ça manque d’une Marseillaise. Il y a de la frustration, reconnaît auprès du Monde Olivier Deniaud, manageur adjoint des Bleus au moment de dresser le bilan. C’est mitigé dans les résultats, mais pas sur les performances : beaucoup d’athlètes ont établi leur record personnel, deux d’entre eux battent des records d’Europe. On ne peut pas être frontalement déçus, même si on aurait aimé de meilleurs résultats. » Il s’en est parfois fallu de peu pour que les Bleus accrochent un podium, à l’image de Gloria Agblemagnon, à 5 centimètres de la « boîte » au lancer de poids (F20, déficients intellectuels), ou de Nantenin Keïta, à cinq centièmes de seconde de la troisième place du 400 m (T13, déficients visuels).
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