Le gouvernement veut poursuivre son soutien financier à la création et à la rénovation d’équipements sportifs

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Le skateboardeur olympique Vincent Matheron, à Marseille, le 24 juin 2021. Les skateparks font partie des équipements de proximité cofinancés dans le cadre du plan Macron.

Stop ou encore ? Ce devrait être stop et encore. Après deux années d’existence, le plan Macron de soutien à la création de 5 000 équipements sportifs de proximité (plateaux multisports, terrains de basket 3X3, skateparks, etc.) va s’achever à la fin de 2023. Toutefois, l’accompagnement des collectivités locales par l’Etat sur le terrain des infrastructures sportives – pas assez nombreuses, inégalement réparties et souvent vieillissantes – devrait se poursuivre sous une autre forme.

La question de stopper ou de prolonger le plan Macron a fait l’objet d’intenses discussions ces dernières semaines entre le ministère du budget et le ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) dans le cadre des discussions budgétaires pour l’année 2024, marquées par une volonté de réduire les dépenses de l’Etat. La décision a finalement été prise de ne pas continuer ce programme, pourtant plébiscité par les collectivités locales.

A ce jour, environ 3 000 équipements de proximité ont été cofinancés par l’Etat, plus de 1 000 étant livrés. Avec les projets en cours de validation, les 200 millions d’euros initialement prévus, qui devaient être consommés en trois ans (2022, 2023, 2024), le seront très probablement dès la fin de cette année. Et les demandes excèdent largement cette enveloppe.

Compte tenu de ce succès, il aurait été paradoxal de tout arrêter là, alors que, des élus locaux aux représentants des fédérations sportives, en passant par… la ministre des sports et des JOP, Amélie Oudéa-Castéra, tout le monde, ces derniers mois, s’accordait à dire qu’il fallait maintenir les efforts en la matière. Par ailleurs, le gouvernement a assuré que « le paysage des infrastructures sportives va changer à travers les Jeux » olympiques que la France organisera à l’été 2024.

C’est pourquoi les réflexions se sont orientées vers la mise en œuvre d’un nouveau plan, qui bénéficiera d’une enveloppe financière de 100 millions d’euros pour l’année 2024. Celui-ci aura pour vocation de répondre à certaines des priorités affichées par le gouvernement en matière de politique sportive : la rénovation thermique, le développement de la pratique du sport à l’école et la poursuite de l’équipement des zones carencées, qu’il s’agisse des quartiers prioritaires de la politique de la ville ou des zones de revitalisation rurale.

Rénovation thermique des infrastructures sportives

En matière de transition écologique, l’objectif sera de faire de ce plan l’un des leviers pour soutenir la rénovation thermique des infrastructures sportives, nombre d’entre elles étant des passoires thermiques – 80 000 sur 300 000 nécessitent des travaux, selon l’Agence nationale du sport. Cela viendra prolonger les efforts développés sur ce sujet : 50 millions d’euros ont financé 166 dossiers en 2021 et 50 millions ont été engagés pour 2022 et 2023. Le nouveau plan s’inscrira aussi en complément du « fonds vert », annoncé par le gouvernement à la fin d’août 2022 (2 milliards d’euros) pour lequel les équipements sportifs sont éligibles.

Pour ce qui concerne la pratique du sport à l’école, l’ambition sera de cofinancer des équipements dans les établissements scolaires ou à proximité de ces derniers. Sans se substituer aux collectivités locales, dont dépendent ces derniers (et les investissements associés), l’Etat viendra ainsi amorcer ou rendre prioritaires des projets en apportant des financements.

L’accompagnement des investissements dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les territoires ruraux constituera un prolongement de l’actuel plan Macron. Auteur d’un rapport d’évaluation sur ce dernier dispositif, publié le 16 mai, le député Benjamin Dirx (Renaissance) avait recommandé que l’enveloppe budgétaire en cas de prolongation soit avant tout adaptée « aux besoins des territoires carencés restants ».

Contexte budgétaire tendu

« Les lieux de sport vont fleurir dans nos quartiers et dans nos villes », avait promis Emmanuel Macron en septembre 2021, au lendemain des Jeux de Tokyo, lorsqu’il avait annoncé le lancement du plan de 5 000 équipements. Si les acteurs locaux ont largement souscrit à ce dernier, ils sont aussi nombreux à relever qu’il ne comble souvent que de petits manques et ne transforme pas fondamentalement la pratique sportive.

« C’est bien, mais ce sont de petits équipements et ça ne répond pas à la pénurie et au retard accumulé », relevait ainsi, voici quelques semaines, Clément Rémond, coprésident de la FSGT 93 (Fédération sportive et gymnique du travail), qui est aussi l’un des animateurs du CoPER 93, collectif permanent pour la défense et la promotion de l’EPS et du sport associatif dans le département.

Le nouveau plan envisagé par le gouvernement ne devrait pas répondre totalement aux attentes exprimées par les élus locaux sur l’ampleur du soutien attendu de la part de l’Etat. L’Association nationale des élus en charge du sport réclame par exemple de longue date une loi de programmation pluriannuelle, avec un effort de 500 millions d’euros par an sur cinq ans.

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Le projet s’inscrit toutefois dans un contexte budgétaire tendu, les différents ministères ayant été priés de réduire de 5 % leurs dépenses (hors masse salariale) en 2024. Le ministère des sports et des JOP, qui assure avoir fait des propositions pour participer à cette réduction des dépenses, soligne qu’il verra toutefois son budget augmenter de quelques dizaines de millions d’euros, hors partie financement des JOP, qui diminuera (à 100 millions d’euros, contre 300 millions en 2023) en raison de la baisse des besoins pour les chantiers olympiques.

Le ministère considère que, s’il est parvenu à « vendre » ce projet de prolongement du financement des équipements sportifs, c’est que celui-ci répond à certaines priorités gouvernementales en matière de politique sportive, et qu’il peut aussi constituer un levier pour l’Etat pour diriger les investissements tout en incitant les collectivités à investir.

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Le Monde

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