Comment un ancien site olympique a popularisé le sport

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En 1972, Munich, en Allemagne, accueillait les Jeux olympiques. Cinquante ans plus tard, la faculté des sciences du sport et de la santé, partie de la « TUM », s’est installée sur ce site mythique, grandement réaménagé. Sous une construction lumineuse et légère, en bois, ont été réunis des salles de sport, de conférences, des instituts de recherche, et même la cafétéria et la bibliothèque. Un chantier mené malgré une contrainte de taille : la pratique sportive devait continuer malgré les travaux. Originalité du lieu : à partir de 17 heures, les portes s’ouvrent à tous les publics.

L’esprit des JO est-il maintenu avec ce site, mis au goût du jour par le cabinet d’architectes Dietrich Untertrifaller ? Eléments de réponse dans ce podcast, avec le reportage de la journaliste Marjolaine Koch et le débat du rendez-vous critique de la Cité de l’architecture et du patrimoine.

Vue d’ensemble de l’université TUM, sur l’ancien site olympique de Munich.

Toute une histoire. C’est sur une colline qui n’a rien de bucolique qu’a été construit le parc olympique de Munich pour les JO de 1972. Une colline faite des gravas et de débris consécutifs aux bombardements de la seconde guerre mondiale, entassés là, dans un domaine militaire situé à quatre kilomètres du centre de la ville. Le projet choisi s’adapte aux spécificités du terrain, grâce à l’ingénierie de l’architecte Frei Otto. Il imagine de couvrir le stade (ainsi que les pistes d’athlétisme et les piscines) de toitures à l’aspect aérien, telles des toiles tendues. Il s’agit en réalité de carreaux de verre assemblés, supportés par un treillis de câbles. La colline se voit renommée Olympiaberg. Elle est assortie, à sa base, d’un lac de quelque 80 000 mètres carrés. Le site olympique devient aussitôt un emblème pour la ville, une signature architecturale unique et facilement identifiable vue du ciel.

Moins de trente ans après la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie, les JO de 1972 sont censés marquer une nouvelle étape de la réconciliation. Ils sont tristement entachés par l’attentat terroriste mené par un commando palestinien, lequel cause la mort de dix-sept personnes. Le site n’en est pas moins resté un lieu d’activité important pour le monde sportif allemand, accueillant depuis toutes les disciplines. A l’heure de rénover des installations vieillissantes, le défi des architectes s’est focalisé sur ce point : permettre aux étudiants de la faculté des sciences et des sports de continuer de s’exercer, même pendant les travaux, et accueillir le grand public en fin de journée.

Le site de l’université TUM, à Munich, en plein travaux.

Retrouvez tous les épisodes du podcast « Archi intéressant » ici.

Aujourd’hui. Un nouveau bâtiment, aux dimensions impressionnantes (180 mètres de long, 150 mètres de large), est destiné à répondre aux besoins croissants des utilisateurs du site. Il s’agit d’abord de « la faculté des sciences du sport et de la santé, soit environ 3 000 étudiants, détaille Till Lorenzen, le directeur de la Technical University Munich (TUM). Nous centralisons tous les sports universitaires pour toutes les universités de Munich. Les infrastructures sont utilisées par environ 9 000 personnes chaque semaine. Il y a environ 600 sports différents pratiqués dans ce bâtiment ». Mais il s’agit aussi du public extérieur, spectateurs de rencontres sportives et de concerts.

« Le bâtiment a une surface de 400 000 mètres carrés, c’est un complexe de deux étages. Il est très étendu, commente l’architecte Much Untertrifaller. Cela s’est traduit par une problématique complexe sur les questions de sécurité sismique. Le bâtiment mixe des éléments en béton et des éléments en bois – je dirais 80 % de bois. Le hall de sport a une structure bois tout comme les bureaux, la bibliothèque, la cafétéria. La rue intérieure et les circulations verticales du bâtiment sont elles en béton. » La taille hors norme des installations, ajoutée à l’obligation de maintenir les activités du site olympique ouvertes, a obligé les architectes chargés de la rénovation de produire un grand nombre d’éléments hors du site, et de les y acheminer ensuite par la route. « Il fallait un convoi exceptionnel, similaire à ceux qui sont utilisés pour les pales d’éoliennes », s’amuse Much Untertrifaller.

Outre que tous les étudiants se retrouvent désormais sous le même toit, le nouvel Olympiapark présente une vertu environnementale. « Le bâtiment dans son ensemble est chauffé et climatisé grâce à une installation géothermique. Le toit est complètement recouvert de panneaux photovoltaïques. Le site est donc quasi autosuffisant », assure l’architecte.

Vue sur le gymnase à l’université TUM, de Munich.

L’avis des experts. A l’occasion des rendez-vous critiques de la Cité de l’architecture et du patrimoine, architectes et journalistes ont débattu sous la houlette de Francis Rambert, directeur du département de la création architecturale à la Cité. La journaliste spécialisée en architecture Sophie Trelcat se dit d’emblée très enthousiaste : « Utiliser la technique du bois permet d’avoir un chantier très rapide. C’est pertinent par rapport au programme et au timing très serré. On obtient un site très luxueux et élégant, avec une grande technicité. La rigidité est cassée par le jeu visuel entre les différentes salles. » « Le bâtiment est beau, car il a une certaine brutalité, apprécie également l’architecte et enseignant Richard Scoffier. Tout est très agréable : ample, vitré, transparent. » Philippe Trétiack, architecte et journaliste, émet plus de réserves : « Si on veut résumer, on dirait que ce bâtiment est un outil extraordinaire, qui fonctionne, avec pleins de lieux pratiques, avec une scénographie intérieure qui permet de tout voir. Et, en même temps, c’est une écriture d’auteur très rigide. »

Réaménagement de l’université TUM, à Munich.

« Archi intéressant », un podcast produit et réalisé par Joséfa Lopez pour Le Monde, en partenariat avec la Cité de l’architecture et du patrimoine. Reportage : Clément Baudet. Voix off : Isabelle Regnier. Réalisation : Eyeshot. Identité graphique : Mélina Zerbib, Aurélien Débat. Partenariat : Sonia Jouneau, Victoire Bounine.

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