Courir le Tour de France et prendre du plaisir : mission impossible ?

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Le peloton de la 110e édition du Tour de France, lors de la 9e étape entre Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne) et le Puy-de-Dôme, le 9 juillet 2023.

« Ce n’est pas facile de se faire plaisir sur le Tour de France… » C’est par cette phrase que se conclut le long entretien accordé par Pello Bilbao à Vélo Magazine, dans son édition de juin. Le grimpeur espagnol de la Bahrain-Victorious avait 2 ans la dernière fois que l’épreuve a posé ses roues dans son Pays basque natal. Impensable, donc, de ne pas être de la partie lors de cette édition 2023, dont le grand départ était donné de la capitale de la province de Biscaye, Bilbao, dont il porte le nom.

La Grande Boucle reste le rendez-vous le plus prestigieux du calendrier cycliste, le plus exposé médiatiquement, celui avec le plus de retombées pour les sponsors… « C’est si vrai qu’il suffit de voir au niveau du public, explique Charly Mottet, qui a participé dix fois à l’épreuve dans sa carrière. Quand tu dis que tu es ou étais professionnel, la première question qu’on te pose c’est : “as-tu couru le Tour de France ?” »

Les enjeux autour de l’épreuve sont majeurs pour la saison des vingt-deux équipes présentes. Dès lors, elles s’y présentent avec huit hommes au sommet de leur forme – synonyme d’un plateau particulièrement relevé – et des stratégies de course destinées à faire briller les coureurs ayant les caractéristiques physiques pour remporter une étape ou bien figurer au classement général. La majorité des 176 engagés sait donc que ses occasions d’être un acteur de premier plan au long des vingt et un jours de course sont limitées, tributaires des choix de sa formation autant que de la concurrence. Et Pello Bilbao de résumer : « J’espère disposer d’un peu de liberté pour pouvoir bouger. »

Compliqué dans ces conditions de savourer ? « Non », répond d’emblée Charly Mottet, avant tout de même de nuancer : « Tout dépend des demandes qu’on a [de la part de sa direction sportive], du monde dont on dispose [des équipiers], et de la formation dans laquelle on est. » Le Drômois a terminé par deux fois au pied du podium du Tour de France, en 1987 avec Système U, puis en 1991 avec RMO. « Le Tour, c’est incroyable quand la réussite est là. C’est ce que j’ai vécu avec RMO. On avait gagné quatre étapes, raconte le sexagénaire. En fait, ce qui est important, c’est d’avoir le sentiment que l’on maîtrise notre course : quand vous subissez tous les jours, que vous êtes en galère, là, franchement, on ne prend pas de plaisir. »

« On sait qu’on va souffrir »

En 2022, la Jumbo-Visma n’avait laissé que des miettes à ses adversaires, s’adjugeant six victoires d’étapes, ramenant pour la première fois à Paris le maillot jaune et le maillot de meilleur grimpeur, grâce au Danois Jonas Vingegaard, mais aussi le maillot vert du classement par points et le Prix de la combativité pour le Belge Wout van Aert. Avant, elle, la Sky (désormais Ineos-Grenadiers) avait imposé sa loi au peloton, avec sept sacres au classement général lors de la décennie 2010. « Quand une équipe archidomine, c’est difficile d’exister et forcément c’est frustrant », fait valoir Pierre Rolland, qui a disputé la dernière de ses treize Grandes Boucles en 2022.

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