
En août 2022, à trois mois de la Coupe du monde au Qatar, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) avait fait le pari de limoger le sélectionneur bosnien Vahid Halilhodzic pour le remplacer par Walid Regragui. L’ancien international marocain venait de remporter avec le Wydad de Casablanca le championnat national et la Ligue des champions africaine, mais le choix pouvait sembler risqué si près de l’échéance du Mondial, où les Lions de l’Atlas devaient affronter au premier tour la Belgique, la Croatie et le Canada.
Dix mois plus tard, le bilan de Walid Regragui et de ses joueurs a largement dépassé les attentes et déjoué tous les pronostics. Les Marocains ont terminé à la quatrième place du Mondial, ce qu’aucune sélection africaine n’avait accompli en phase finale. Pour renforcer le niveau de sa performance, elle a éliminé la Belgique au premier tour, l’Espagne (0-0, 3-0 aux t.a.b) puis le Portugal (1-0), avant de chuter en demi-finale face à la France (0-2).
Ce remarquable succès, le Maroc le doit en partie à certains de ses leaders comme Yassine Bounou, Achraf Hakimi, Romain Saïss, Nayef Aguerd, Hakim Ziyech ou Youssef En-Nesyri, mais aussi à son jeune et charismatique sélectionneur de 47 ans. L’une de ses premières décisions consista à rencontrer Hakim Ziyech, Noussair Mazraoui et Abderrazak Hamed-Allah, en froid avec l’ancien sélectionneur, puis de les convaincre de rejouer pour leur pays.
« Un gros bosseur »
Hamza El Hajoui, le président du Fath Union Sports de Rabat, où Walid Regragui a commencé sa carrière d’entraîneur en 2014, estime que la part de responsabilité de ce dernier est essentielle pour expliquer les résultats de la sélection. « Il a eu peu de temps pour préparer le Mondial, mais c’est un gros bosseur, un passionné, qui a des idées et une forme de management lui permettant de faire adhérer les joueurs à son projet. C’est quelqu’un d’ouvert, d’accessible, et son arrivée a créé une dynamique évidente, car il sait transmettre son ambition. »
En quelques semaines, à la faveur de matchs amicaux disputés avant le Mondial, « le coach a su donner un style de jeu à son équipe, bien organisée, solide défensivement mais qui sait exploiter ses qualités techniques, et aussi très forte mentalement », intervient Mustapha El Haddaoui, qui avait atteint les huitièmes de finale lors de la Coupe du monde 1986 au Mexique avec les Lions marocains.
La saison 2022-2023 du Maroc, que Khalid Fouhami, l’ancien gardien de but et coéquipier de Walid Regragui en équipe nationale qualifie « de plus aboutie de l’histoire de la sélection », a également été marquée par une qualification pour la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire (du 13 janvier au 11 février 2024) et par un succès de prestige face au Brésil (2-1) en match amical, le 25 mars à Tanger.
« Je pense que le parcours au Qatar n’est pas un hasard, la victoire contre le Brésil en étant une preuve supplémentaire. Le Maroc a franchi un cap au Qatar, de nombreux joueurs binationaux ont envie de jouer pour lui, alors que ce n’était pas autant le cas il n’y a pas si longtemps. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’en football, tout peut aller très vite et qu’il est toujours difficile de gérer les périodes qui suivent les grosses performances », souligne-t-il.
En Afrique, le Maroc est devenu l’équipe à battre
Le mois de juin a effectivement été plus compliqué que prévu pour le Maroc, d’abord accroché à Rabat par le Cap-Vert en match amical (0-0, le 12 juin), puis battu (1-2) en Afrique du Sud cinq jours plus tard, en qualifications pour la CAN. Ces deux contre-performances, certes sans conséquences majeures, ont donné à Walid Regragui l’occasion de tester de nouvelles options de jeu, mais aussi d’effectuer une piqûre de rappel à ses joueurs.
« Le sélectionneur n’était pas satisfait et il l’a dit. Car il sait qu’affronter la Belgique, l’Espagne et le Portugal en Coupe du monde, où il faut bien défendre, et le Brésil en amical, ce n’est pas la même chose que de jouer face à des équipes africaines parfois sur des pelouses difficiles, en pleine chaleur », indique Khaled Fouhami.
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Les deux derniers matchs des Lions de l’Atlas et ceux qui s’annoncent dans les prochains mois, avec notamment le début des qualifications pour la Coupe du monde 2026 en novembre et la phase finale de la CAN, seront des tests importants. « Le Maroc sera l’un des favoris de la CAN avec le Sénégal, pronostique Khaled Fouhami. Il sera, avec son statut de demi-finaliste de la Coupe du monde, l’équipe à battre, et c’est à ces occasions qu’il devra se servir de cette force mentale qui lui a permis d’aller si loin au Qatar. »