Dix mille pas et plus. Contrôler la prise de poids, diminuer les douleurs lombaires et pelviennes, prévenir l’incontinence urinaire… Les bienfaits de l’activité physique pour la femme enceinte sont amplement démontrés. Bouger, de façon adaptée, pendant la grossesse permet aussi de réduire le risque de certaines complications comme le diabète gestationnel ou l’hypertension. Des études suggèrent même des effets positifs pour le futur bébé, avec notamment un coup de pouce au développement de son langage et de ses facultés cognitives.
Qu’en est-il pour les sportives d’élite, qui pratiquent intensivement des dizaines d’heures par semaine ? Le ratio bénéfice/risque est-il aussi positif que dans la population générale ? Comment adapter les entraînements, gérer le retour à la compétition ? La conciliation de la carrière sportive et de la maternité est un sujet de moins en moins tabou, mais qui reste souvent compliqué en pratique, malgré l’existence de recommandations.
Une enquête qualitative, menée auprès de 16 professionnels de terrain, et publiée en ligne le 25 octobre dans le British Journal of Sports Medicine, déplore le manque de recherches spécifiques dans ce domaine. Cette carence entrave leur capacité à adapter l’entraînement et à conseiller les athlètes de haut niveau pendant leur grossesse et le post-partum, déplorent les médecins, kinésithérapeutes et coachs interrogés, exerçant pour la plupart en Amérique du Nord. Ainsi, écrivent Margie Davenport (université d’Alberta, Canada), première autrice de l’article, et ses collègues, plusieurs professionnels jugent les recommandations actuelles trop générales, parfois inappropriées pour ce public spécifique. Certains avouent ne pas bien savoir quels sont les signaux d’alerte cliniques à rechercher ou les paramètres à contrôler pour vérifier que les entraînements se font dans des conditions de sécurité. Ces spécialistes de terrain soulignent aussi que les athlètes elles-mêmes ne sont pas assez informées des conséquences physiologiques de la grossesse, par exemple au niveau du plancher pelvien.
Un entraînement adapté
« C’est vrai qu’il y a un déficit d’études scientifiques de la grossesse dans le sport de haut niveau, mais le retard se comble ces dernières années, et je trouve les conclusions de cette étude un peu pessimistes », réagit Carole Maître, gynécologue à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep). Selon cette spécialiste, les documents actuels, dont le récent guide « Sport de haut niveau et maternité, c’est possible », piloté par le ministère des sports (et auquel elle a participé) sont précis et concrets.
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