Le mystérieux vase globulaire de la « Lune », navire du Roi-Soleil englouti au large de Toulon

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Cet objet, datant du XVIIe siècle, a été retrouvé dans un ancien vaisseau de Louis XIV, au large de Toulon

, en 2022.


En juillet 1664, le jeune roi Louis XIV, alors âgé de 25 ans, lance une guerre contre les Barbaresques, ces corsaires d’Afrique du Nord qui tiennent la Méditerranée. C’est la peu glorieuse et méconnue expédition de Djidjelli, du nom de ce port d’Algérie où des milliers d’hommes débarquent. Membre de l’Académie de marine et ancien directeur du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, le truculent Michel L’Hour raconte que, commandée par le cousin germain de Louis XIV, le duc de Beaufort, « dont on raconte qu’il était sublimement beau mais tragiquement con, cette expédition est un échec absolu du fait de la mésentente entre les VIP de l’armée du roi ».

Une retraite en catastrophe est ordonnée à laquelle participe la Lune, vieux vaisseau de guerre venu ravitailler le corps expéditionnaire et qui doit repartir avec tout son chargement auquel s’ajoutent des centaines d’hommes. Le navire fait eau et une partie de l’équipage passe son temps à écoper. Arrivé à Toulon, ce bateau de la honte n’est pas autorisé à débarquer et il est mis en quarantaine. Mais à peine a-t-elle repris la mer que la Lune essuie une tempête et, selon une description de l’époque, « coule comme un marbre ». Sur les 800 à 1 000 personnes à bord, une vingtaine seulement survivent.

S’ensuit un oubli de plus de trois siècles jusqu’à la découverte, en 1993, de l’épave presque intacte, par plus de 90 mètres de fond. Pour Michel L’Hour, « c’est comme une Pompéi sous-marine. Dans cette tombe liquide se trouve scellé un reflet extraordinaire de la marine royale de Louis XIV ». L’équipage, les soldats, leurs possessions, la cargaison, l’architecture du bateau…

Des prélèvements effectués par des machines

Mais, à cette profondeur, la fouille d’un tel vaisseau exigerait la plongée d’une cinquantaine de spécialistes et serait dangereuse. Depuis plusieurs années, la Lune sert donc de laboratoire pour de l’archéologie des abysses robotisée, un projet co-dirigé par Michel L’Hour et Olivia Hulot, avec des prélèvements ponctuels effectués par des machines. En attendant de trouver des mécènes et 8 à 10 millions d’euros pour une véritable campagne de fouilles.

En 2022, lors de la dernière exploration, a été remonté un curieux objet en céramique qui évoque une grosse tirelire. « Je pense que c’est une grenade, avance Michel L’Hour. A l’époque, il s’agissait de vases globulaires avec un bouchon scellé, qu’on remplissait de poudre. Au moment du combat, on décapitait ce bouchon en terre cuite d’un coup de sabre, on introduisait une fusée et une mèche qu’on allumait. »

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