Les bijoux d’Arégonde, reine des Francs et belle-fille de Clovis, témoins d’une société sophistiquée

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Parure de la reine Arégonde datant du VIe siècle. Elle a été retrouvée, en 1959, dans les fouilles de la basilique Saint-Denis.

Que savez-vous des Francs et des rois mérovingiens ? Que reste-t-il de vos souvenirs d’école ? Quelques noms comme Clovis, Clotilde ou Dagobert. Des images d’Epinal comme le baptême de Clovis à Reims un jour de Noël, l’histoire du vase de Soissons, la rivalité meurtrière entre les reines Frédégonde et Brunehaut, des rois fainéants vautrés dans des chariots tirés par des bœufs. Un territoire régulièrement découpé en tranches au gré des successions royales, un haut Moyen Age obscur forgé par des barbares. Et, pour finir, des récupérations politiques, notamment celle du régime de Vichy qui se rappela non sans opportunisme que, dans le fond, les Francs étaient un peuple germanique comme les Allemands. Beaucoup de clichés négatifs, donc.

Pourtant, quand, en 1959, l’archéologue Michel Fleury découvre dans le sous-sol de la basilique Saint-Denis un sarcophage contenant les restes d’une femme et son mobilier funéraire, c’est une société sophistiquée, ouverte sur le monde, qui apparaît.

Il y a tout d’abord une bague nominative en or sur laquelle on peut, autour d’un monogramme signifiant « reine », lire en lettres capitales le nom « ARNEGUNDIS ». Après quatorze siècles d’oubli vient de resurgir Arégonde, femme de Clotaire Ier – fils de Clovis – et mère de Chilpéric, qui héritera du royaume de Soissons.

« On ne sait pas grand-chose d’elle, reconnaît Fanny Hamonic, conservatrice chargée des collections du premier Moyen Age au Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). On a juste quelques lignes dans les récits de Grégoire de Tours. Mais même si Arégonde n’a pas un statut politique important, elle est tout de même inhumée à Saint-Denis. Il ne s’agit pas encore de la nécropole des rois mérovingiens mais c’est là qu’est enterrée la haute aristocratie. »

Soie d’Orient et pierres fines de Bohême

Morte vers 580 à 60 ans passés (d’après l’étude des ossements), Arégonde a été inhumée avec ce que l’on suppose être ses parures préférées, qui portaient des traces d’usure. Des fragments de textile ont aussi permis de reconstituer la manière dont sa dépouille était habillée. Il faut imaginer la reine vêtue d’un manteau de soie pourpre, fermé par une exceptionnelle ceinture dont subsistent les éléments de garniture en argent, somptueusement travaillés.

Elle portait aussi un voile piqué d’épingles en or (dont une grande ornée de grenats), une tunique rouge, des bas maintenus par des jarretières complexes avec notamment de grands ferrets à décor animalier, et des escarpins. Dans la catégorie des bijoux on note deux fibules cloisonnées en or, décorées de grenats, et une paire de boucles d’oreilles.

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