L’énigmatique dépôt de bronze de Farébersviller

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Objets en bronze, découverts à Farébersviller (Moselle), en 1991.

Cela a presque des allures de bric-à-brac, un mélange d’armement, de parures, d’outils : des haches, des couteaux, des faucilles, des anneaux, des bracelets, de grandes boucles d’oreilles, une pointe de lance, deux boucles pour suspendre une épée… En tout, 131 objets, tous en bronze, découverts, en 1991, à Farébersviller (Moselle). Les archéologues qui mettent au jour ce dépôt datant de 900 à 800 avant notre ère explorent alors 94 hectares censés devenir une ZAC. Mais ils ne trouvent rien de plus que ce « trésor » isolé.

Celui-ci n’a cependant rien pour les surprendre, comme l’explique Marie-Pierre Koenig, de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), spécialiste de l’âge du bronze et du premier âge du fer : « Ces dépôts sont un phénomène que l’on voit dès l’âge du bronze ancien, vers 2000-1900 av. J.-C. Il va s’accélérer sur la dernière période de l’âge du bronze. » Il se répartit sur tout le territoire et Marie-Pierre Koenig comptabilise quelque trois cents découvertes de ce type pour le seul est de la France. Beaucoup de ces trouvailles ont eu lieu au XIXe siècle, à une époque où les fouilles n’avaient pas la même rigueur qu’aujourd’hui, où le contexte compte au moins tout autant que les objets exhumés. « Parfois, on lit tristement que les objets ont été refondus », glisse la chercheuse.

Rien de tel à Farébersviller. Les archéologues ont bien noté que, s’il n’y avait pas de contenant pour le dépôt, celui-ci était véritablement orchestré : des haches et des faucilles au fond du trou, d’autres haches à la verticale comme pour reproduire les parois d’une boîte, les éléments de parure à l’intérieur et des faucilles bien à plat par-dessus. Certains objets sont entiers, d’autres fragmentaires. Certains finis, d’autres en cours de réalisation.

Cachette ou rituel ?

Pourquoi ces dépôts ? « C’est une question qui tarabuste les archéologues, reconnaît Marie-Pierre Koenig. On a longtemps considéré que c’étaient des cachettes d’artisans bronziers, qui thésaurisaient le métal pour le revendre ou le recycler. Mais il est étonnant que tous ces gens ne soient pas allés récupérer leurs biens. A l’heure actuelle, cette interprétation “économique” ne fait pas consensus. » Plusieurs indices orientent les chercheurs vers une autre hypothèse, notamment le fait qu’on ait des pièces prestigieuses ou des fragments d’épée. « Cela conduit à se demander s’il ne s’agit pas d’un acte codifié, d’un rituel qui montre la puissance des élites. »

Pour les archéologues, ces dépôts sont pain bénit. Ils leur permettent en particulier d’étudier le savoir-faire, souvent poussé, des artisans bronziers. Ils peuvent aussi retracer la provenance du cuivre et de l’étain qui composent le bronze et ainsi redessiner les routes commerciales qui traversaient toute l’Europe, le cuivre provenant aussi bien des Carpates que des îles Britanniques.

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