En Chine, un mammifère chassait des dinosaures herbivores, il y a 125 millions d’années

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Squelettes de « Psittacosaurus » (dinosaure) et de « Repenomamus » (mammifère) enchevêtrés.
La barre d’échelle est égale à 10 cm.

Quand on décrit le monde disparu dominé par les dinosaures, on présente généralement les mammifères comme de petites créatures craintives volontiers nocturnes, promptes à se cacher sous terre pour échapper à leur destin de proies des terribles reptiles.

La description d’un double fossile découvert en Chine en 2012 écorne cette image d’Epinal et suggère que le rapport de force n’était pas univoque. L’étude publiée dans Scientific Reports du 19 juillet décrit un « combat mortel » entre Repenomamus robustus, un petit mammifère d’un peu plus de trois kilogrammes, aux prises avec un dinosaure herbivore bipède trois fois plus massif, Psittacosaurus lujiatunensis.

Mais le chasseur n’est pas celui qu’on croit, expliquent Gang Han (Université de science et de technologie, Hainan, Chine) qui a fait l’acquisition de cette pièce d’exception, et ses collègues. De petits prédateurs, même isolés, peuvent s’attaquer à des proies bien plus massives qu’eux. On le constate encore aujourd’hui, avec la belette, capable de venir à bout du grand tétras, descendant des dinosaures, ou d’un lièvre. Cela semble bien être le cas de Repenomamus robustus. En 2005, une équipe chinoise avait déjà trouvé des restes de bébés Psittacosaurus dans le contenu stomacal fossilisé de ce mammifère. Cette fois, c’est bien à un quasi-adulte qu’il s’en était pris.

Reconstitution montrant le dinosaure « Psittacosaurus » attaqué par un mammifère, « Repenomamus », il y a 125 millions d’années.

La scène évoque un combat de lutte gréco-romaine, où le plus gracile des protagonistes, monté sur le dos de son adversaire, l’aurait épuisé, se saisissant avec une patte avant de sa mâchoire inférieure tout en bloquant son train arrière avec un membre postérieur, mordant ses côtes pour faire bonne mesure, sans risquer d’être disqualifié.

Si ce pugilat est parvenu jusqu’à nous, c’est que « les deux animaux ont été soudainement ensevelis par une coulée boueuse d’origine volcanique, ce qu’on appelle un lahar », explique Jordan Mallon, paléontologue à la Carleton University (Ottawa, Canada), auteur correspondant de l’étude. Ce n’est pas par hasard si le gisement fossilifère de Liujitun, dans la province chinoise de Liaoning, dont sont tirés les fossiles, a été baptisé la « Pompéi chinoise des dinosaures ».

Vérification de l’authenticité des pièces

Repenomamus robustus aurait-il pu n’être qu’un charognard profitant de l’aubaine quand il a été surpris par l’éruption ? Les auteurs de l’étude écartent cette hypothèse, pour trois raisons. Ils notent d’abord l’absence de marques de morsure sur le reste du squelette. Ils rappellent aussi qu’un charognard aurait peu de raisons de se trouver sur le dos de son déjeuner, auquel il accéderait plus commodément depuis le sol. Enfin « il semble improbable que les deux animaux aient pu se trouver aussi enchevêtrés si le dinosaure était mort avant l’arrivée du mammifère », écrivent-ils. « C’est comme si le dinosaure, en s’effondrant, avait piégé la patte de son agresseur », explique Jordan Mallon.

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