Smut Clyde, dénicheur de champignons et de science bidon

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Peut-être est-ce parce qu’il aime les chats que d’intrigantes photos de souris de laboratoire ont piqué la curiosité de Smut Clyde, pour ce qui allait être sa première enquête contre les tricheurs de la science. D’ailleurs, Smut n’est-il pas le nom de son premier animal de compagnie ? « J’ai utilisé ce pseudonyme par autodérision et cela a des avantages. Je ne peux pas utiliser un argument d’autorité pour affirmer que mes critiques sont justes. Celles-ci doivent tenir sur leurs pieds toutes seules », explique, en visioconférence, ce retraité du monde académique de 64 ans, à peine perturbé par le passage d’un félin sur son bureau.

En septembre 2017, donc, il parcourt le forum PubPeer de critiques d’articles scientifiques, et tombe sur une contribution amusante. Les mêmes photos de souris, ayant subi des traitements différents, se retrouvent dans deux articles d’auteurs différents : même position des oreilles ou des pattes, même tumeur. Il interroge son moteur de recherche préféré sur des bouts de texte empruntés à ces deux premiers articles et tombe sur une nouvelle production ayant utilisé des images identiques aux précédentes, mais avec un cadrage sur les cellules des souris. Il fait de nouvelles requêtes et, en plus des plagiats, repère d’autres graphiques identiques dans des articles d’équipes sans point commun entre elles. « J’ai une bonne mémoire visuelle. En forêt, je repère bien les champignons ou des orchidées », explique ce Néo-Zélandais doté d’une longue barbe clairsemée qui le fait plus ressembler à un homme des bois qu’à un ancien chercheur en psychologie de la perception de l’université Massey, à Wellington.

Smut Clyde.

Bien que cette enquête initiale ne trouve qu’une quinzaine d’articles semblant puiser aux mêmes sources, c’est sa première découverte de ce qu’il est convenu d’appeler les « moulins à papier » (paper mills). L’escroquerie consiste à vendre à des chercheurs peu scrupuleux et soucieux d’enrichir leur CV des articles clés en main, qui imitent les canons du genre : titre accrocheur, images parlantes, promesses d’applications thérapeutiques… Premier « moulin » et première victoire : certains des articles débusqués sont retirés par les revues. « J’aime bien les expressions “détective de la science” ou “gardien de la science”. S’intéresser et corriger la mauvaise science, c’est faire de la bonne science », explique-t-il.

Des enquêtes et des tableurs

Les succès s’enchaînent, collectionnés dans des tableurs listant les articles, les auteurs, les décisions des éditeurs… Il possède même un tableur de tableurs, résumant ses enquêtes : 46 moulins à papier repérés, concernant plus de 9 500 articles supposés frauduleux, dont 4 000 ont été rétractés. « J’adore les casse-tête et les puzzles. J’aime trouver des relations entre les choses, assembler des pièces », décrit Smut Clyde.

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