« Loire sentinelle », un couple de scientifiques sur un fleuve pollué par les microplastiques

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Les deux chercheurs Barbara Réthoré et Julien Chapuis, sur la Loire, le 12 juin 2023.

Ils sont partis de bon matin du lac d’Issarlès, en Ardèche, ce samedi 1ᵉʳ juillet, direction Vallon-Pont-d’Arc, célèbre point de passage des estivants en canoë. Barbara Réthoré (39 ans), Julien Chapuis (33 ans) et les militants de l’association SOS Loire vivante ne sont pas venus faire de la ­randonnée dans le département mais révéler un secret bien gardé.

Le couple de biologistes originaire du Maine-et-Loire et les défenseurs du fleuve entendent mettre en évidence « l’ingénierie monumentale » qui permet à la centrale hydroélectrique de Montpezat-sous-Bauzon de prélever des millions de mètres cubes dans la Loire pour alimenter ses turbines avant de les rejeter dans l’Ardèche.

Après avoir étudié la pollution plastique et recherché les traces de vie animale, les deux fondateurs du projet « Loire sentinelle » ont décidé d’élargir le spectre de leurs recherches : ils essaient désormais de comprendre pourquoi le fleuve, ses riverains, sa faune et sa flore sont privés d’une partie des eaux, sources de vie.

« C’est parti d’un étonnement »

En 2022, leur première phase d’exploration avait consisté à descendre la Loire en canoë. Un périple de 1 000 kilomètres, réalisé, de mai à juillet, depuis la source – un entrefilet qui sourd du mont Gerbier-de-Jonc, en Ardèche – jusqu’à l’embouchure, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. Le couple de chercheurs avait été frappé par le spectacle anxiogène de la sécheresse et du lit du fleuve royal transformé par endroits en immense banc de sable.

« On veut essayer de comprendre ce qui se passe à Montpezat-sous-Bauzon pour faire émerger ce dossier-là, très peu connu, explique Julien Chapuis. Le détournement de l’eau de la Loire vers l’Ardèche a un effet important sur les milieux aquatiques et la biodiversité, dans un contexte de mutation climatique. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Infographie : la Loire, un fleuve au ralenti

Barbara Réthoré et Julien Chapuis se sont rencontrés à la fin des années 2000 lors de leur master d’éthologie (étude du comportement des animaux en milieu naturel), à l’université de Rennes. Réunis par le désir de parcourir le monde, ils ont d’abord foncé loin, du massif du Makay, à Madagascar, aux forêts du Darién, au Panama, avant de se retrouver cloués chez eux, à Chalonnes-sur-Loire, par l’épidémie de Covid-19, au printemps 2020.

C’est là, pendant leur heure de balade quotidienne, qu’ils ont commencé à regarder le fleuve différemment, comme un objet d’étude. « C’est parti d’un étonnement, raconte Barbara Réthoré. On s’est rendu compte que personne n’était allé observer la pollution du fleuve en microplastiques. On ne connaissait pas l’état de contamination. » C’est de cet étonnement que le projet « Loire sentinelle » est né.

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