Dix mille pas et plus. La triste nouvelle est tombée fin mai. L’attaquante de l’Olympique lyonnais Delphine Cascarino sera forfait pour la Coupe du monde féminine de football, qui débute le 20 juillet en Australie et en Nouvelle-Zélande. En cause, une grave entorse du genou, avec en particulier une rupture partielle d’un ligament croisé antérieur (LCA). Delphine Cascarino rejoint ainsi la longue liste des victimes féminines de cette blessure dans le monde du football de haut niveau. Fin 2022, le site allemand Soccerdonna recensait ainsi cinquante-sept footballeuses évoluant dans six des meilleures ligues mondiales (dont six dans la première division française, la D1 Arkema) touchées par une lésion d’un LCA au cours de l’année. Le genou est la zone du corps la plus fréquemment blessée dans le football féminin (27 %), devant la face et la tête (22 %), a conclu une analyse de la littérature portant sur près de cinq cents articles, publiée en 2022 dans la revue Research in Sports Medicine.

Situé à l’intérieur du genou, le LCA a deux rôles majeurs : il empêche la translation du tibia vers l’avant et permet de contrôler la rotation interne, souligne le professeur Thomas Neri, chirurgien orthopédiste au CHU de Saint-Etienne. « L’indication chirurgicale de reconstruction de ce ligament est justifiée par un potentiel de cicatrisation limité et par la nécessité de restaurer ses fonctions stabilisatrices, notamment pour les sports avec des contraintes rotatoires », poursuit-il.
De fait, le football n’est pas la seule discipline présentant des risques d’entorse du genou par atteinte du croisé antérieur. Les autres sports dits « de pivot-contact » (rugby, basket, handball, sports de combat) ou de pivot (comme le tennis, le ski, le volley ou encore la gymnastique), dans lesquels les changements de direction sont fréquents, sont également concernés. Et les sportives en sont bien plus souvent victimes que leurs homologues masculins : le risque est multiplié par deux, voire par cinq, selon les sports et les publications.
Un risque augmenté à l’adolescence
« Les atteintes du LCA surviennent principalement lors de mouvements rapides mal contrôlés, changements de direction, mauvaises impulsions ou réceptions », détaille Sébastien Ratel. L’enseignant-chercheur en physiologie de l’exercice à l’université Clermont-Auvergne précise que, chez les filles, le risque de ces lésions augmente à l’adolescence, lié à plusieurs facteurs. « A la puberté, le bassin des filles s’élargit, ce qui peut contribuer à un valgus dynamique (jambes en X). Elles ont donc tendance à avoir les plantes de pied tournées vers l’extérieur, ce qui peut favoriser les lésions ligamentaires lors des réceptions de sauts », explique-t-il. D’autres facteurs de risque féminins ont été identifiés : spécificités anatomiques, hyperlaxité (élasticité excessive des ligaments), mais aussi influence hormonale, avec une plus grande fréquence de ces lésions dans la première partie du cycle menstruel.
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