« La liste des médicaments essentiels devrait éliminer les thérapeutiques ayant des bénéfices douteux »

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Le ministère de la santé a communiqué en juin la liste des médicaments essentiels, après de longues années de pénuries dont les origines sont variées. La globalisation des affaires a conduit à la délocalisation de la production des trois quarts des principes actifs en Inde et en Chine. La relocalisation de l’industrie pharmaceutique permettra de préserver la sécurité de nos approvisionnements en médicaments pour nos concitoyens, dont les contributions obligatoires financent notre santé.

Définir le caractère essentiel d’une thérapeutique est un exercice acrobatique et périlleux. Améliorer la qualité de vie, les symptômes, soulager toujours et le plus souvent possible, accroître la quantité de vie sont des objectifs essentiels des professionnels de santé. Par exemple, les traitements anticonvulsivants, antituberculeux et antiviraux, antibiotiques, anticancéreux, anticoagulants, de l’asthme, l’insulinothérapie, les corticoïdes, l’utilisation des solutions antiseptiques atteignent sans ambiguïté ces objectifs. De même, analgésiques, anesthésiques, médicaments cardiotoniques et vasopresseurs, antidotes sont les incontournables de la médecine intensive.

Cependant, à l’aune de la dérive et des aléas climatiques, du déficit hydrique croissant et des pollutions diverses de l’air, des sols et des nappes phréatiques, il n’est plus acceptable de proposer une offre de soins excessive et énergivore. La sécheresse historique qui a sévi en Chine en 2022 a d’ailleurs pu contribuer au ralentissement des productions industrielles.

Lire aussi l’entretien : Article réservé à nos abonnés Pénuries de médicaments : « Si rien n’est fait, des produits vont disparaître »

Cette liste essentielle devrait donc éliminer de facto les thérapeutiques ayant des bénéfices douteux ainsi que les médicaments dits « moi aussi » (me-too drugs), qui sont essentiellement des copies de molécules originales ; la principale motivation des firmes pour développer de tels médicaments sans originalité étant marketing.

Sélectionner moins de molécules

On peut donc s’interroger sur la pertinence de proposer cinq inhibiteurs de la pompe à protons pour le traitement de l’ulcère gastro-duodénal et du reflux gastro-œsophagien, sachant par exemple que la commercialisation de l’ésoméprazole (laboratoire AstraZeneca), molécule isomère S de l’oméprazole (laboratoire Astra), a généré par le passé une dépense exorbitante et inutile pour la Sécurité sociale.

On peut également citer les quatre traitements pour la baisse du cholestérol (statines), les deux molécules favorisant l’élimination du sucre au niveau rénal (les récentes gliflozines insuffisamment évaluées mais désormais massivement prescrites dans le traitement du diabète et de l’insuffisance cardiaque), les quatre inhibiteurs de l’enzyme de conversion pour l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque, les deux diurétiques thiazidiques, etc.

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