Médecine : « Il est impossible de se passer de perfusionnistes. En ne reconnaissant pas cette profession, les autorités font peser une menace sur la chirurgie cardiaque hexagonale »

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L’évolution de la chirurgie cardiaque est étroitement liée au développement de la circulation extracorporelle (CEC). Le perfectionnement de cette technique a donné la possibilité aux chirurgiens d’intervenir sur un organe jusqu’alors impossible à réparer : le cœur. Chaque année, en France, environ 40 000 patients sont opérés du cœur sous CEC.

Mais, qu’est-ce précisément que la CEC en chirurgie cardiaque ? Celle-ci permet de prendre en charge les fonctions respiratoires et circulatoires du patient. Son sang est détourné vers une machine pour être oxygéné avant de lui être restitué grâce à un système complexe de pompes et de tuyaux. Le cœur peut alors être arrêté en toute sécurité. Cela va permettre aux chirurgiens d’intervenir sur un organe vide et immobile. La CEC n’est pas dénuée de risques ou de complications. Les accidents sont rares, mais souvent graves. Il s’agit d’une procédure complexe, nécessitant une grande expertise.

Alors, peut-être pensez-vous que les professionnels qui prennent en charge ces patients sont hyperqualifiés ? Eh bien oui et non. Oui, car ces professionnels appelés « perfusionnistes » sont pour la plupart des infirmiers, avec une solide expérience et une formation spécifique longue. Ils sont responsables de la gestion de la CEC, et participent à la surveillance de ces patients au cœur arrêté. Ils permettent également la réalisation des transplantations cardiaques et interviennent lors des prélèvements multi-organes chez des donneurs en arrêt thérapeutique. Ils apportent quotidiennement leur expertise en réanimation pour les patients placés sous assistance circulatoire ou respiratoire (utilisée notamment chez les patients les plus gravement atteints du Covid-19 ou en attente de greffe cardiaque).

Et non, car ce métier n’existe pas. Il y a bien une fiche dans le répertoire des métiers de la fonction publique hospitalière, mais ça s’arrête là. Pas de formation initiale obligatoire, pas de décret de compétence, pas de cadre juridique et, bien sûr, pas de grille de rémunération spécifique.

Les perfusionnistes exercent un métier exigeant, où la moindre erreur ou mauvaise décision peut entraîner de graves conséquences pour le patient. Afin de répondre à un besoin de formation homogène et structurée, les trois sociétés savantes intervenant dans le domaine de la chirurgie cardiaque (chirurgiens, anesthésistes et perfusionnistes) ont créé, en 2020, un master de CEC et d’assistance circulatoire à Sorbonne Université. Son existence est la reconnaissance du niveau scientifique, clinique et technique attendu pour exercer ce métier. Nous espérons le voir devenir obligatoire pour pouvoir pratiquer.

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