Henri Broch, le père de la zététique, ou la culture d’un certain esprit critique

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Henri Broch présente un suaire dans son laboratoire de zététique de l’université de Nice, le 7 septembre 2006.

Pour fêter les 50 ans des premiers articles de son directeur de thèse, Henri Broch, Richard Monvoisin a décidé de l’interviewer pour revenir sur une discipline peu académique mais très scientifique : la zététique. Ce nom savant, qu’Henri Broch, né à Nice en 1950, a diffusé en France, ne désigne pas l’étude de phénomènes naturels particuliers, mais décrit plutôt une méthode, une manière d’appréhender les problèmes, une « boussole méthodologique » comme le résument les deux auteurs.

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Armé de cet esprit critique, autre façon de résumer la zététique, Henri Broch s’est rendu célèbre en démontant bon nombre de phénomènes paranormaux, telle la liquéfaction du sang de saint Janvier, conservé dans une ampoule à Naples, de mythes archéologiques, comme le suaire de Turin, ou diverses allégations spectaculaires, notamment la mémoire de l’eau.

Il est aussi célèbre pour avoir lancé, en 1986, avec le magicien Gérard Majax, un défi aux prétendus détenteurs de pouvoirs paranormaux (télépathes, voyants, sourciers, etc.) qui accepteraient de montrer leurs qualités en respectant un protocole discuté avec son équipe. La récompense initiale était de 500 000 francs puis, faute de réussite, d’un million de francs, et finalement de 200 000 euros, jamais obtenus. Cette même année 1986, il créait un service Minitel, 36 15 ZET, qui proposait de la littérature démystifiant le paranormal et donnait quelques clés méthodologiques.

Best-seller avec Charpak

Une dizaine d’années plus tard, Henri Broch fait entrer officiellement la zététique à l’université de Nice par des cours et la création d’un laboratoire, qui disparaîtra, sans cérémonie, à sa retraite, en 2014. Avec le physicien Georges Charpak, Prix Nobel en 1992, il publie un best-seller, Devenez sorcier, devenez savant (Odile Jacob, 2002), qui moque les charlatans du paranormal et livre certains de leurs secrets.

Le long entretien mené par Richard Monvoisin balaye ces épisodes marquants, sans omettre les tensions existantes entre différents cercles zététiciens en France ou même dans le monde. Le lecteur savourera l’humour et la rigueur d’Henri Broch dans le regard qu’il porte sur ces controverses.

L’échange vaut aussi pour l’illustration qu’il donne de l’évolution d’une des branches du courant rationaliste, bien décrit par le sociologue Sylvain Laurens dans Militer pour la science (Editions de l’EHESS, 2019). Le parcours, commencé adolescent en s’intéressant à une grotte de sa région, se poursuit par des études scientifiques et un engagement double, politique (communiste) et citoyen (pour la culture scientifique), afin de diffuser les connaissances. Henri Broch est, en revanche, peu disert sur l’attitude de certains rationalistes ou zététiciens qui, de la critique du paranormal, sont passés à la défense peu subtile de toute avancée technoscientifique (OGM, nucléaire, pesticides, etc.), sans montrer beaucoup d’ouverture d’esprit envers d’autres sciences (humaines, sociales, etc.).

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