
Le 1er juillet 2013, l’Agence spatiale européenne (ESA) confiait à Thales Alenia Space la construction de son satellite de cosmologie Euclid. Dix ans après, jour pour jour, la mission d’Euclid a commencé par un décollage réussi à Cap Canaveral, dans la touffeur toute floridienne de ce début d’été. Samedi 1er juillet, à 11 h 11, heure locale, (17 h 11, heure de Paris), la fusée Falcon-9 de SpaceX s’est arrachée du sol pour, rapidement, s’incliner au-dessus de l’Atlantique, s’amenuiser dans le ciel jusqu’à n’être plus rien. Une disparition synonyme de départ réussi dans l’espace, qui a soulagé les quelque 2 500 scientifiques et ingénieurs impliqués dans ce projet capital pour la cosmologie, car tous comptent sur Euclid pour percer deux des plus grands mystères de l’Univers, ceux de la matière noire et de l’énergie sombre.
Même si personne ne l’évoquait ouvertement en Floride, la tension était peut-être exacerbée par le fait que l’ESA avait confié son bijou de 1,4 milliard d’euros à la société d’Elon Musk, une première pour une mission scientifique de l’agence. A vrai dire, celle-ci n’avait pas eu le choix. A l’origine, Euclid était censé décoller depuis le Centre spatial guyanais de Kourou à bord d’une fusée russe Soyouz qu’Arianespace commercialise. Mais la guerre en Ukraine déclenchée en février 2022 et les sanctions internationales prises contre la Russie en ont décidé autrement. Exit la Soyouz. Et comme la nouvelle fusée européenne Ariane-6 n’était pas prête – son premier vol est prévu, au mieux, à la toute fin de l’année –, l’ESA a dû se tourner vers SpaceX.
Un changement dans les habitudes de l’ESA, habituée à être bichonnée par Arianespace. Mais avec un tir de Falcon-9 tous les quatre jours en moyenne depuis le début de l’année, SpaceX vise l’efficacité avant tout. « En termes de propreté et de tests, c’est différent de ce que l’on a l’habitude de faire, reconnaissait diplomatiquement Giuseppe Racca, le responsable de la mission Euclid à l’ESA, la veille du décollage. Il a fallu qu’on s’adapte des deux côtés. Mais les gens de SpaceX sont très forts pour régler les problèmes. »
95 % du contenu de l’Univers
Pendant quatre semaines, Euclid voguera dans le vide jusqu’à atteindre sa destination à 1,5 million de kilomètres de la Terre, le point de Lagrange numéro 2. Une zone très stable de l’espace où se trouve déjà le télescope spatial James-Webb. Après une phase de tests qui devrait durer environ deux mois, les deux instruments du satellite commenceront à travailler.
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