« Un fossé dangereux se creuse entre une gauche des métropoles et celle qui, dans nos campagnes, doit rattraper une colère populaire qui lui échappe »

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Le peuple rural vote Rassemblement national (RN) et la gauche regarde ailleurs ? Plus pour longtemps. Nous sommes des milliers partout en France à ne pas avoir vécu le résultat des élections législatives comme une victoire mais comme un avertissement. A considérer que sans prise de conscience collective, ce sursaut n’aura été qu’un sursis. Voilà pourquoi nous, élus de terrain, militants en première ligne face à la vague RN, lançons un « Appel des territoires » pour que la gauche relève la tête et trouve le courage d’affronter cette réalité qui fait mal.

Un fossé dangereux se creuse entre une gauche dominante dans les métropoles et celle qui dans nos campagnes et zones périurbaines doit lutter pied à pied pour rattraper une colère populaire qui lui échappe. Quand certains clament dans le vide des slogans antifascistes sur les places des grandes villes, nous tentons de convaincre un à un notre voisin, notre ami, notre cousin, que ce n’est pas « Jordan » [Bardella] qui les sortira de leur galère. Les mêmes qui nous font confiance localement !

La différence de vécu entre nos territoires est considérable. Il est temps de nous reconnecter face à une menace qui n’est plus la même. Les 11 millions d’électeurs RN ne sont plus uniquement ceux de Jean-Marie Le Pen en 2002. Ils incarnent désormais un vote populaire pour qui la gauche n’est plus la réponse à leurs problèmes, qui pourrait même les aggraver.

Notre initiative est d’abord un appel à une prise de conscience : à qui parle la gauche ? A des diplômés, cadres ou professions intellectuelles qui plébiscitent notre lutte pour le climat, la justice fiscale, l’égalité femmes-hommes. Aux habitants des quartiers populaires des métropoles qui connaissent notre lutte implacable contre les discriminations. Et après ? Dès que l’on quitte le monde des barres d’immeubles, des grands centres-villes et des transports en commun, nous n’incarnons plus l’alternative, mais l’élite. Une élite qui imagine un droit à la paresse quand on veut juste vivre de son travail, qui semble plus à l’aise pour manifester contre les mégabassines qu’aux côtés des agriculteurs en transition, qui parle de désarmer la police quand les violences liées au narcotrafic explosent aussi en zones rurales.

Tant qu’une partie de la gauche donnera d’elle une image aussi déconnectée, elle renforcera la détermination des électeurs RN à punir ces élites culturelles qui leur font la leçon pendant qu’eux bossent comme des fous sans jamais se plaindre.

Le moteur du ressentiment

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