La question de la réforme des régimes de retraite est devenue un élément structurant du débat public, alors qu’elle pourrait être l’objet d’un consensus. L’équation n’a rien d’impossible, pourvu qu’une approche graduée fondée sur la pénibilité au travail en soit la pierre angulaire.
L’équilibre financier des régimes de retraite repose sur des variables connues : l’espérance de vie, le rapport entre actifs et inactifs, la croissance économique. Les grandes tendances de ces variables ne sont pas favorables : les gains d’espérance de vie se poursuivront à un rythme moindre ; le ratio actifs-inactifs se dégradera même si le nombre de demandeurs d’emploi diminue, en raison d’une détérioration du taux de fécondité et de flux migratoires restreints ; la croissance économique restera limitée.
Le risque, à terme, est aussi connu : l’effondrement des régimes de retraite, qui ne pourraient plus servir qu’une pension de retraite résiduelle obligeant les bénéficiaires à cumuler emploi et retraite ou à recourir à des fonds de pension. Le système de retraite par répartition laisserait ainsi la place à un système de retraite par capitalisation de type anglo-saxon, défavorable aux classes sociales les moins aisées.
Dans ces conditions, il paraît difficile de ne pas jouer sur différents leviers pour préserver le système des retraites par répartition : l’innovation pour accroître les gains de productivité, la politique familiale pour accroître le taux de fécondité, l’immigration à vocation professionnelle, l’âge d’entrée et de sortie de la vie active pour rééquilibrer le ratio entre actifs et inactifs.
L’exemple belge
Ce dernier point est le plus problématique, mais il n’est pas forcément dirimant si la diversité des situations est prise en compte. La plupart des salariés souhaitent pouvoir faire valoir leurs droits à la retraite, une fois atteint l’âge où ils bénéficient de la retraite à taux plein. D’autres, à l’inverse, souhaitent poursuivre leur vie professionnelle jusqu’à 70 ans. D’autres, enfin, qui subissent la pénibilité du travail, souhaitent quitter leur emploi au plus tôt.
En Belgique, des négociations interprofessionnelles avaient conduit en 2018, dans le cadre d’une réforme reportant progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans, à l’accord suivant : les personnes qui effectuaient un métier qualifié de « pénible » pouvaient soit jouir d’une pension de retraite plus élevée, soit anticiper leur départ à la retraite de deux à six ans, mais jamais avant l’âge de 60 ans.
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