Douze heures de discussions résumées en six pages. Dans sa lettre aux chefs de partis politiques, dont Le Monde a eu copie jeudi 7 septembre au matin, Emmanuel Macron fait état d’une absence de consensus sur la question du référendum, au cours des échanges qui ont eu lieu à Saint-Denis, mercredi 30 août. « Plusieurs participants ont souhaité modifier la Constitution par voie référendaire ou ont manifesté leur volonté de recourir plus simplement au référendum (…) tandis que d’autres (…) ont souhaité simplifier le recours au référendum ». Le chef de l’Etat donne rendez-vous dans « les semaines qui viennent » avec une « proposition sur ce sujet ».
Emmanuel Macron avait réuni les chefs de partis et les présidents d’Assemblées pour ce premier échange dans ce qu’il avait nommé une « initiative politique d’ampleur ». L’objectif était de dépasser les clivages afin de proposer des textes législatifs ou d’ouvrir la voie à des référendums, de manière à éviter les blocages liés à l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. L’exercice avait laissé les oppositions sceptiques, en particulier à gauche. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a prévenu qu’il ne reviendrait qu’en cas d’« ordre du jour strict ».
Autre enjeu évoqué dans la lettre du chef de l’Etat : le pouvoir d’achat. M. Macron confirme la tenue d’une « conférence sociale » consacrée aux bas salaires en octobre. « Conformément aux règles du dialogue social, cette conférence sociale qui se tiendra en octobre 2023 entre les partenaires sociaux sera ouverte par la première ministre et le ministre du travail », assure-t-il, précisant qu’il y sera « question des branches où la rémunération est inférieure au salaire minimum » et de « l’évolution des salaires et des revenus ».
Parmi les autres questions abordées, le climat. La transition écologique « n’a été que rapidement discutée lors de notre échange, [mais le sujet] me paraît justifier un débat approfondi ». Le chef de l’Etat propose qu’Elisabeth Borne, première ministre, présente « le projet de planification écologique préparé et concerté depuis plusieurs mois » aux partis. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, considère que l’écologie tient « une infime place » dans la réflexion présidentielle.
Sur tous ces enjeux, et d’autres (immigration, intégration, déconcentration et décentralisation de l’Etat, responsabilité des mineurs et parentale, solidarité intergénérationnelle, vie démocratique…), Emmanuel Macron souhaite remettre un calendrier la semaine prochaine aux partis « pour bâtir des réponses concrètes ».
« Soutien unanime à l’Ukraine »
Concernant l’international, les échanges ont principalement porté sur l’Ukraine et l’Afrique, particulièrement le Sahel. M. Macron note qu’un « soutien unanime à l’Ukraine et une condamnation claire de l’agression russe sont ressortis [des] échanges ». Des partis ont demandé des clarifications quant à la position de la France sur l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Emmanuel Macron affirme que tous les partis « ont souligné la nécessité de continuer dans la durée à éviter toute escalade nucléaire et toute extension du conflit ».
Quant à l’Afrique, un débat parlementaire « a été acté dès l’automne et à chaque fois que l’actualité le justifiera ». Une majorité des participants a, par ailleurs, estimé nécessaire un « engagement accru de la France afin de contribuer à la situation humanitaire dans le corridor de Latchine » sujet à tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.