Ancien socialiste, Patrice Vergriete, maire de Dunkerque (Nord) depuis près de dix ans, a été nommé ministre du logement, jeudi 20 juillet. Il reprend ainsi une partie du portefeuille d’Olivier Klein, qui quitte le gouvernement.
Ancien adjoint du baron socialiste Michel Delebarre, entré en dissidence du Parti socialiste sous les couleurs « divers gauche » en 2014, il avait ravi la mairie à son mentor, avant de se faire réélire en 2020 avec plus de 64 % des suffrages recueillis dès le premier tour. Une performance remarquée dans une région marquée par l’inexorable avancée du Rassemblement national.
Le maire, également président de la Communauté urbaine de Dunkerque, peut par ailleurs s’enorgueillir d’une chute du taux de chômage dans sa zone d’emploi, passé de 11,7 % en 2014 à 8,6 % à la fin de 2021. Mieux : il est parvenu à changer l’image de sa ville en l’ouvrant avec succès au tourisme. Courtisé par la Macronie, Patrice Vergriete, avait jusqu’alors voulu cultiver une certaine indépendance.
Celui qui s’est illustré pour avoir doté sa ville du plus vaste réseau de transports gratuits en Europe avait pris en novembre la tête de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFIT), un établissement sous tutelle de l’Etat chargé de coordonner le financement de grands projets d’infrastructures de transport.
Chantre de l’industrie décarbonée
Né dans un quartier populaire de Dunkerque il y a cinquante-cinq ans, le nouveau membre du gouvernement est le fils d’un ouvrier chaudronnier du chantier naval et d’une mère au foyer. Diplômé de Polytechnique et des Ponts et Chaussées après une prépa scientifique au lycée parisien Louis-le-Grand, ce spécialiste de l’urbanisme a débuté sa carrière à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avant d’intégrer les cabinets des socialistes Martine Aubry et Claude Bartolone sous le gouvernement Jospin. En 2000, il est devenu directeur de l’Agence d’urbanisme de Dunkerque, avant de travailler pour le Conseil général de l’environnement et du développement durable (2008-2012).
Chantre de l’industrie décarbonée grâce à un mix entre nucléaire et énergies renouvelables, le maire de Dunkerque est parvenu à faire labelliser sa ville « territoire d’innovation » par l’Etat et bénéficier d’un plan d’investissement de près de 300 millions d’euros pour mettre en œuvre un programme de transition écologique.
Le gouvernement a notamment annoncé un vaste plan d’investissements pour décarboner la production d’acier au sein de l’usine d’ArcelorMittal, ou encore l’implantation de trois usines de production de cellules de batterie bas carbone, de batteries de nouvelle génération dites « solides » et de matériaux de cathodes pour les batteries lithium.
Se disant engagé pour une « transition écologique et sociale », M. Vergriete soutient le projet de parc éolien offshore au large du littoral, contesté par plusieurs associations locales. Ses prises de position en faveur de l’installation de deux réacteurs EPR dans la commune voisine de Gravelines, et son soutien affiché à la candidature d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2022 lui avaient valu le départ des élus EELV de la majorité municipale.