A l’Assemblée nationale, beaucoup de bruit autour des minutes de silence

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Des députés de La France insoumise, lors d’une séance de questions au gouvernement, le 20 juin.

Le 4 juillet, à 15 heures, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, débute la séance de questions au gouvernement par un hommage à Léon Gautier. Tandis que le portrait du dernier survivant français du Débarquement, décédé la veille, s’affiche sur les écrans derrière elle, les rares députés présents et les ministres se lèvent et observent solennellement une minute de silence. Un moment qui contraste avec les débats agités qui ont eu lieu trois semaines plus tôt, sur l’opportunité de se recueillir pour les centaines de migrants morts noyés au large des côtes grecques dans le pire naufrage depuis 2016.

La question a été soulevée le 20 juin, une semaine après le drame, par le député La France insoumise (LFI) Aymeric Caron. Spontanément, les membres de la Nupes se sont levés, ainsi que quelques membres du gouvernement, dont Elisabeth Borne, alors que, sur les bancs du groupe Les Républicains (LR), des députés protestaient. « Vous n’avez pas à faire ça ! C’est votre rôle, madame la présidente ! », lance un élu LR.

Tout en reconnaissant que « l’idée est formidable », Yaël Braun-Pivet refuse finalement la demande de l’« insoumis ». « Je suis désolée, mais vous devriez savoir qu’on n’organise pas une minute de silence de cette manière », justifie-t-elle. Une décision « ­subjective » aux yeux d’Aymeric Caron : « Lorsqu’elle émet cet argument réglementaire, je suis choqué par son refus. Pour moi, elle le fait uniquement parce que cette demande provient de La France insoumise. » Le parlementaire rappelle que la présidente de l’Assemblée avait accédé, dans les mêmes circonstances, à la demande de Sandrine Rousseau (EELV) d’observer une minute de silence pour un agent des impôts tué dans l’exercice de ses fonctions, en novembre 2022.

Un rappel aux us et coutumes

Une semaine après l’incident, une note a été envoyée aux présidents de groupe pour rappeler les usages. Le document indique que « le respect d’une minute de silence doit résulter soit d’une initiative de la présidente de l’Assemblée nationale, soit d’une décision de la conférence des présidents », l’instance composée de députés ayant des fonctions à la présidence de l’Assemblée, en commission ou dans les groupes politiques, chargée de fixer l’ordre du jour. Si Yaël Braun-Pivet a souhaité un rappel aux us et coutumes, c’est qu’il n’existe pas de règles claires à ce sujet. A la présidence de l’Assemblée, on se justifie : « Il faut que les minutes de silence soient évoquées dans une instance collective pour ne pas rendre politique quelque chose qui nécessite de garder de la sérénité et de permettre des moments de consensus. »

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