
Il aura fallu cent jours pour que rien ne change à la tête du gouvernement. Lundi 17 juillet, l’Elysée a fait savoir, au terme de trois mois d’incertitude et d’affaiblissement de sa première ministre, que pour assurer « stabilité » et « travail de fond » le président de la République avait décidé de « maintenir » Elisabeth Borne à Matignon. « Une femme d’ordre et de dossiers », gratifie un conseiller en communication d’Emmanuel Macron, dans « un moment où les Français veulent conserver des repères ». « Le PR [président de la République] décide, la PM [première ministre] délivre », ajoutait-il, dans une reprise du célèbre « Je décide, il exécute » de Jacques Chirac.
Le chef de l’Etat compte « préparer la rentrée en rappelant le cap clair qui est le sien, assure-t-on encore à l’Elysée, et en rassemblant fortement après cette période » où la crise sociale a laissé place, début juillet, à des nuits de violences urbaines d’une intensité inégalée. Resté discret depuis cette flambée de colère, au point d’enjamber le « bilan » initialement annoncé pour le 14-Juillet, Emmanuel Macron prendra la parole face aux Français avant son départ, prévu dimanche 23 juillet, pour un voyage en Océanie, l’emmenant en Nouvelle-Calédonie, puis au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans son adresse télévisée du 17 avril, le chef de l’Etat promettait de créer un nouvel « élan national » et de « tirer tous les enseignements » de la crise née de la réforme des retraites menée par Elisabeth Borne. Il a longtemps hésité avant d’opter pour le statu quo à Matignon. Depuis son entretien du 22 mars aux « 13 heures » de TF1 et de France 2, il laissait planer l’ambiguïté sur l’avenir de sa première ministre, tenue responsable à l’Elysée de l’échec des concertations sur le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. « J’espère qu’elle y arrivera », avait-il glissé en chargeant la polytechnicienne d’élargir la majorité vers une droite qui rejetait tout accord. Si son entourage assurait au fil des mois qu’il explorait différents scénarios pour la remplacer, aucun profil ne l’a assez convaincu pour franchir le pas.
Sans attendre, les leaders des oppositions ont étrillé le choix d’Emmanuel Macron. La triple candidate à l’élection présidentielle Marine Le Pen a vilipendé une « dramatique déconnexion du président de la République », qui a, selon elle, « perdu tout contact avec le peuple et condamne le pays à l’impuissance et à l’immobilisme ». « Personne ne veut monter sur un bateau qui coule », se moque Mathilde Panot, la cheffe des députés « insoumis », en jugeant que « la Macronie se rétrécit ». « Le président a tiré une conclusion simple des vingt ans écoulés : la fonction de premier ministre est morte, tente de défendre un conseiller élyséen. C’est être hors sujet que de penser qu’un maintien ou un changement de premier ministre pèse sur le cours d’une histoire qui n’est écrite que par le président Macron. »
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