
Jeudi 13 juillet, Elisabeth Borne ne laisse rien paraître. La première ministre, dont l’avenir à Matignon reste incertain, s’affiche, aux dires de participants au conseil des ministres, « relax », pour faire le premier bilan des cent jours « d’apaisement » et « d’action » tels que fixés par le chef de l’Etat lors de son allocution du 17 avril. Emmanuel Macron, qui a finalement choisi de ne pas s’exprimer le jour de la fête nationale mais un peu plus tard, dans le courant de la semaine à venir, laisse à la locataire de Matignon le soin de s’exprimer sur l’avancée de sa feuille de route.
« Malgré le contexte politique à la sortie de la réforme des retraites, nous sommes restés fidèles à la méthode qui a fonctionné depuis un an, et qui a déjà permis l’adoption définitive de 47 textes, dont 18 projets de loi », explique Elisabeth Borne alors que la réunion des membres du gouvernement s’achève. Mais l’objectif « d’élargir la majorité », que lui avait donné le 22 mars le président de la République, n’a pas été rempli. A l’époque, Emmanuel Macron avait encouragé sa première ministre, concluant son propos d’un énigmatique : « J’espère qu’elle y arrivera. »
La promesse de l’apaisement s’est, elle, fracassée sur les violences urbaines qui se sont déclenchées dans le pays après la mort du jeune Nahel M., abattu le 27 juin par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre. « Cette crise, admet la première ministre, montre une fois de plus la persistance de certains défis et la nécessité de continuer à agir, pour l’ordre républicain bien sûr, mais aussi pour faire en sorte que la promesse républicaine soit accessible à tous », complète-t-elle lors d’une prise de parole qui aura duré moins de dix minutes. Maigre bilan ?
L’exécutif redoute encore des soirées agitées les 13 et 14 juillet, mais il s’agit de montrer que le pays avance. Malgré tout. « On peut donner plusieurs sens au terme d’apaisement », a relativisé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, jeudi, au moment de faire le compte rendu du conseil des ministres. « Ne résumons pas le quotidien des Français à ces images que nous avons vues au cours de ces nuits », a-t-il signifié, en rappelant que l’ordre républicain a fini par être rétabli et en soulignant que les représentants des organisations syndicales, vent debout contre la réforme des retraites, avaient repris langue avec la première ministre lors d’une réunion organisée, la veille, à Matignon. Aucun des chantiers figurant sur la feuille de route de la première ministre depuis la fin avril n’est « en souffrance » a affirmé M. Véran, en évoquant, une fois encore, l’ordre républicain (sécurité, justice), le plein-emploi, l’amélioration des services publics (école, santé) et la transition écologique.
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